Milan (awp/afp) - Fininvest, la holding de la famille de Silvio Berlusconi qui est actionnaire majoritaire de Mediaset, a annoncé avoir déposé mardi devant la justice italienne une plainte contre le français Vivendi, entré à son capital lors d'une opération qu'elle a qualifiée d'"hostile".

Peu avant la fermeture de la Bourse, le titre Fininvest gagnait 35,47% à 3,682 euros, dans un marché en hausse de 1,83%.

La plainte pour "manipulation du marché" a été déposée devant le procureur de la République de Milan, ainsi que "pour information" à la Consob, le gendarme boursier italien, a précisé Fininvest dans un communiqué.

Lundi soir, peu après l'annonce par Vivendi de son entrée au capital du groupe de télévision italien Mediaset, Fininvest, qui en détient un peu moins de 35%, avait vivement dénoncé cette manoeuvre.

"Vincent Bolloré et Vivendi ont montré ce qu'étaient depuis le début leurs véritables projets sur Mediaset", a-t-elle souligné.

"L'accord stratégique, conclu au printemps et suivi quelques mois après d'une volte-face incroyable, avec la violation d'un contrat précédé de longues négociations en détail et absolument liant, faisaient partie d'un dessein bien précis: (...) créer les conditions pour faire baisser artificiellement la valeur du titre Mediaset et lancer à prix bas ce qui se présente comme une vraie escalade hostile", a-t-elle fustigé.

Le 8 avril, Vivendi et Mediaset, dont les patrons étaient amis de longue date, avaient annoncé un accord stratégique prévoyant la prise de contrôle par le groupe français de 100% du bouquet de chaînes payantes Premium et un échange de participations de 3,5%.

Mais le 25 juillet, l'entreprise dirigée par Vincent Bolloré a indiqué ne plus vouloir racheter ce bouquet, évoquant des doutes concernant ses résultats futurs. Elle a alors proposé d'acquérir 20% de Premium et de prendre une participation de 15% dans Mediaset, via l'émission d'une obligation convertible obligatoire, une proposition rejetée par le groupe italien.

Le groupe italien a ensuite engagé une procédure devant la justice réclamant à Vivendi 50 millions d'euros pour chaque mois de retard dans l'application du contrat. La première audience est fixée au 21 mars devant le tribunal de Milan.

Et Vivendi a ouvert lundi, par surprise, un nouveau front en annonçant détenir 3,01% du groupe italien et envisager d'accroître sa participation jusqu'à 20% afin d'en devenir le deuxième actionnaire industriel.

- Envolée du titre -

"Mediaset a appris l'acquisition d'actions de la part de Vivendi seulement via le communiqué de presse diffusé par la société française", a dénoncé Mediaset dans un texte publié lundi soir tard.

Ces acquisitions sont survenues "à l'insu total de la société", a assuré le groupe italien, soulignant que depuis la dénonciation de l'accord sur Mediaset Premium le 25 juillet, il n'y avait "plus eu aucun contact entre les deux sociétés ni de tentatives amicales de résoudre" le problème.

"Les intentions de Vivendi -- déjà signalées par Mediaset à la date du 26 juillet -- de passer d'un accord industriel à une tentative de monter au capital se confirment", a encore relevé Mediaset.

"La société française a déclaré vouloir atteindre 20% du capital de Mediaset. Un projet qui apparaît encore plus grave aujourd'hui dans la mesure où la volte-face de cet été a provoqué une perte de valeur de la société en Bourse d'environ 30%, dont Vivendi profite en investissant massivement sur le marché", a-t-il renchéri.

A la Bourse de Milan, l'annonce de l'entrée de Vivendi au capital de Mediaset a provoqué l'envolée du titre, qui était régulièrement suspendu en raison de sa forte volatilité. En milieu d'après-midi, il gagnait 32,89% à 3,612 euros, dans un marché en hausse de 1,72%.

Selon l'agence d'informations économiques italienne Radiocor, plus de 93 millions de titres, représentant 8% du capital, ont changé de mains depuis le début de la journée.

Fininvest a affirmé ne pas avoir l'intention de renoncer à "sa position d'actionnaire de référence" et promis de "se défendre dans tous les lieux et avec tous les moyens pour bloquer (...) une grave tromperie qui fait horreur".

Même ton chez Mediaset, qui souligne que sa première préoccupation est "de protéger les intérêts de tous les actionnaires de la société, poursuivre les contentieux (...) et évaluer l'objectif réel des manoeuvres" du groupe français, "et leur cohérence avec la stratégie de Mediaset".

Pour cela, le groupe a décidé de s'adjoindre les services des banques Intesa Sanpaolo et UniCredit.

afp/rp