Milan (awp/afp) - Vivendi a évoqué mardi des "différends significatifs" avec Mediaset sur la valorisation du bouquet de télévision payante Mediaset Premium, et ne souhaite plus en acquérir que 20% au lieu de 100%, selon le groupe italien qui a vivement protesté contre ce revirement.

Vivendi, qui n'a pas détaillé "la proposition" qu'il avait faite à Mediaset, a indiqué qu'il souhaitait toujours "construire une alliance stratégique majeure avec Mediaset et Mediaset Premium", mais sous une forme différente.

A la Bourse de Milan, les investisseurs ont très mal accueilli cette information: vers 12H40 (10H40 GMT), le titre Mediaset dévissait de 10,84% à 2,88 euros. A Paris, en revanche, Vivendi gagnait 0,37% à 17,43 euros.

Les groupes de Vincent Bolloré et du magnat Silvio Berlusconi avaient dévoilé le 8 avril un "accord stratégique" passant par un échange de participations croisées de 3,5% et le lancement d'une plateforme de contenus susceptible de concurrencer l'américain Netflix.

Dans le cadre de cet accord, Vivendi devait prendre le contrôle de 100% du bouquet de télévision Mediaset Premium, mais les deux groupes semblent ne pas s'entendre désormais sur la valorisation de cet actif, qui affiche des pertes significatives. Mediaset Premium, qui comptait 2,01 millions d'abonnés fin décembre, a notamment enregistré une perte nette de 56,6 millions d'euros au premier trimestre.

D'après Mediaset, le groupe français, "tout en confirmant l'échange de participation de 3,5% du capital de Vivendi contre 3,5% du capital de Mediaset, a proposé d'acheter seulement 20% de Mediaset Premium, et dans les trois ans, quelque 15% de Mediaset à travers une obligation convertible obligatoire".

De son côté, Vivendi a simplement indiqué que le président de son directoire, Arnaud de Puyfontaine, "par une lettre en date du 21 juin, (avait) fait part aux dirigeants de Mediaset de différends significatifs dans l'analyse des résultats" de Mediaset Premium et avait fait une proposition" à Mediaset "pour trouver un nouvel accord en des termes différents".

Lors d'une conférence de presse à Milan, M. de Puyfontaine, s'est refusé à entrer dans les détails du désaccord et de la nouvelle proposition.

Interrogé pour savoir si le changement était lié au fait que contrairement à ce que le groupe italien avait annoncé Mediaset Premium n'atteindrait pas, selon certaines sources, l'équilibre en 2017, M. Puyfontaine n'a pas souhaité s'exprimer.

'FAIRE VALOIR SES DROITS'

Mediaset a vivement dénoncé ce revirement, critiquant le fait que le groupe français n'ait "pas l'intention d'honorer l'accord contraignant signé" et soulignant que sa proposition changeait "la valeur industrielle à la base de l'accord".

Cette offre est en "évidente contradiction avec les engagements pris par Vivendi dans le cadre de l'accord signé le 8 avril, conclu après de longues négociations ayant abouti à l'approbation de tous les organes compétents de chacune des parties", a souligné le groupe de la famille Berlusconi.

Mediaset réunira son conseil d'administration jeudi pour prendre "officiellement position sur la dite proposition et sur la très grave communication" reçue de Vivendi. Mediaset s'est dit "fermement déterminé à faire valoir ses droits".

M. de Puyfontaine a souligné de son côté que le groupe avait "proposé une autre façon de faire sur le long terme, avec une relation encore plus ambitieuse entre Vivendi et Mediaset".

"Nous apprécions Mediaset, je pense qu'il y a une grande histoire à écrire entre les deux entreprises (...) Nous avons des discussions positives en cours et je suis sûr que nous aurons une issue positive", a-t-il ajouté, en contestant les informations laissant entendre que Vivendi veuille prendre le contrôle de Mediaset.

Mais peu après, Mediaset a contesté toute "négociation en cours", en soulignant que celles-ci s'étaient conclues avec l'accord entre les parties le 8 avril.

Vivendi, qui est engagé dans une politique tous azimuts pour devenir "un leader mondial des contenus et des médias", est également présent en Italie à travers Telecom Italia, dont il est devenu l'actionnaire de référence l'an passé avec une participation atteignant 24,7%.

L'opérateur italien est désormais dirigé par Flavio Cattaneo, une personnalité ayant les faveurs de Vivendi, après la démission en mars de Marco Patuano, qui avait des divergences stratégiques avec lui.

M. de Puyfontaine a précisé que Vivendi n'avait pas l'intention d'augmenter sa participation dans l'opérateur et jugé que l'évolution menée par la nouvelle direction était "très encourageante".

afp/jh