Milan (awp/afp) - Les banques italiennes, pour lesquelles le gouvernement réfléchit à un plan de soutien, étaient de nouveau dans la tourmente lundi à la Bourse de Milan, en particulier la BMPS, sommée par la Banque centrale européenne d'agir sur ses créances douteuses.

Fragilisé par son éclatement, des problèmes de capitalisation et 360 milliards d'euros de crédits en souffrance, le secteur bancaire italien a connu de multiples soubresauts ces derniers mois. Depuis janvier, l'indice des banques italiennes, le FTSE Italia All-Share Banks, a perdu 55%.

Lundi, plusieurs étaient de nouveau à la peine, au premier rang desquelles la BMPS (Banca Monte dei Paschi di Siena) qui cédait 10,25%, à 0,3433 euro, atteignant ses minimums historiques vers 16H00 (14H00 GMT).

La raison: la BCE lui a adressé un courrier lui demandant de faire passer son stock de créances douteuses de 46,9 milliards d'euros bruts (24,2 milliards nets) à 32,6 milliards (14,6 milliards nets) maximum en 2018.

La BMPS, troisième banque du pays, a souligné que "ces objectifs étaient en ligne avec (ceux) d'un plan, récemment approuvé par la banque et soumis simultanément à l'évaluation de la BCE, et prévoyant une hausse des cessions de créances douteuses par rapport à son plan 2016-2018".

La BMPS doit aussi transmettre avant le 3 octobre les mesures devant être mises en oeuvre pour réduire à 20% en 2018 son ratio entre les créances douteuses et l'ensemble de ses créances, a-t-elle expliqué, soulignant avoir immédiatement engagé des discussions avec la BCE.

Parmi les autres banques connaissant une nouvelle séance difficile, Banca popolare dell'Emilia Romagna perdait 5,2%,, Mediobanca 3,65%, Finecobank 3,55% ou Unicredit 3,52%.

- Décision unilatérale de Rome? -

Avec le vote sur le Brexit, qui a secoué les marchés et plus particulièrement les banques, Rome et l'UE ont engagé des discussions sur un possible soutien au système bancaire italien.

L'approche de la publication, le 29 juillet, des résultats des tests de résistance menés par l'Autorité bancaire européenne ajoute à la nervosité de la place milanaise, également inquiète du référendum sur la réforme constitutionnelle, prévu en octobre et pour lequel le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a mis son poste en jeu.

La Commission européenne a donné jeudi son feu vert à un schéma de garantie de six mois permettant à Rome de fournir si besoin des liquidités aux banques solvables - jusqu'à 150 milliards d'euros selon la presse -, un schéma déjà utilisé dans d'autres pays.

La presse a évoqué ces dix derniers jours d'autres mesures que Rome souhaiterait obtenir, comme une suspension ou un assouplissement pendant six mois des règles du "bail-in" - qui permet à une banque en difficulté de mettre à contribution en premier lieu les actionnaires et épargnants -, pour permettre un sauvetage public ("bail-out").

Le Financial Times a de nouveau mis le feu aux poudres lundi en soulignant que l'Italie était "prête à défier l'UE et à injecter unilatéralement des milliards d'euros dans son système bancaire troublé, en cas de sévère difficulté systémique".

Interrogée à ce sujet par l'AFP, une source gouvernementale a affirmé que M. Renzi, qui a plusieurs fois affirmé sa volonté de défendre les épargnants, privilégiait "les solutions du marché, dans le respect des règles européennes".

La chancelière allemande, Angela Merkel, avait martelé la semaine passée qu'il n'était "pas possible de changer les règles tous les deux ans", tandis que Bruxelles soulignait qu'"un certain nombre de solutions pouvaient être mises en oeuvre dans le plein respect des règles".

M. Renzi a évoqué un possible renflouement du fonds Atlante, créé par les institutions financières pour aider les banques fragiles.

Selon Christopher Dembik, responsable de la recherche macro-économique pour Saxo Bank, "il y a de fortes chances que (les banques italiennes) soient en difficulté" lors des tests de résistance, la plupart ayant un taux de créances douteuses supérieur à 10%.

"Il y a des craintes légitimes sur le secteur bancaire italien mais il n'y a rien de nouveau, on n'est pas dans une phase où d'un seul coup la situation deviendrait incontrôlable", a-t-il ajouté, rappelant que celle-ci "se dégrade depuis trois ans parce qu'elle a été mal traitée", Rome n'ayant pas fait le choix d'une "bad bank" quand les règles de l'UE le permettaient.

afp/al