Dans un courrier adressé le 4 mai aux membres du conseil d'administration de Medivation, Olivier Brandicourt, directeur général de Sanofi, souligne que cette opération est une "priorité" pour le groupe français et se dit déterminé à aboutir.

Il dit avoir eu des discussions approfondies avec les principaux actionnaires de ce spécialiste des traitements contre le cancer, qui sont, selon lui, "extrêmement favorables à une opération". Le conseil a refusé pour sa part d'engager des discussions avec Sanofi, jugeant son offre insuffisante, et il a réitéré sa position jeudi.

Dans un communiqué publié à son siège de San Francisco, Medivation dit avoir reçu une lettre de Sanofi qui "se borne à répéter une proposition inadéquate qui (...) sous-évalue substantiellement la société, sa franchise de pointe en oncologie et ses produits en développement (pipeline) à un stade avancé."

SANOFI SOUFFLE LE CHAUD ET LE FROID SUR LE CONSEIL

Dans sa lettre rendue publique jeudi, Olivier Brandicourt ouvre la voie à un éventuel relèvement de l'offre à condition que le conseil de Medivation accepte d'entamer des discussions et apporte la preuve que la valeur du groupe le justifie.

"Si vous vous engagez dans un dialogue constructif avec nous et que vous apportez la démonstration d'éléments de valeur additionnels, nous pourrions être en position de revoir notre offre", observe-t-il.

En l'absence de réponse, Sanofi menace de se tourner directement vers les actionnaires du groupe et de demander la révocation du conseil.

"Si le conseil d'administration actuel de Medivation persiste à refuser de nous parler, alors nous avons l'intention d'initier une procédure pour révoquer et remplacer les membres du conseil d'administration", déclare Olivier Brandicourt.

La législation de l'Etat du Delaware, où est immatriculée Medivation, permet à une majorité de 50,1% des actionnaires de remplacer à tout moment un membre du conseil d'administration ou la totalité du conseil, sans convoquer d'assemblée générale.

Si elle aboutissait, cette offre permettrait à Sanofi de renforcer assez vite ses positions dans l'oncologie et de compenser ainsi les conséquences néfastes sur ses ventes de la perte aux Etats-Unis du brevet de son antidiabétique Lantus.

Les investisseurs anticipent d'ores et déjà une amélioration de l'offre de Sanofi ou une surenchère d'un autre laboratoire, comme l'américain Pfizer, qui a exprimé récemment son intérêt pour Medivation, selon des sources proches du dossier.

Le titre Medivation s'échange en effet jeudi à Wall Street autour de 60 dollars, soit 7,50 dollars au-dessus de l'offre de 52,50 dollars avancée actuellement par Sanofi, dont l'action progresse a gagné 1,45% à Paris.

Medivation publiera ses comptes du premier trimestre après la clôture de Wall Street.

(Jean-Michel Bélot, édité par Véronique Tison)

Valeurs citées dans l'article : Sanofi, Medivation Inc, Pfizer Inc.