par Gilles Guillaume

PARIS, 25 avril (Reuters) - Mersen, groupe de spécialités électriques et de matériaux avancés, s'estime bien positionné pour tirer parti ces prochaines années de la demande suscitée par la transition énergétique, qui lui a encore permis d'afficher une croissance vigoureuse de ses ventes au premier trimestre.

L'entreprise qui a fêté l'an dernier ses 80 ans avait souffert au début de la décennie de cycles défavorables dans le solaire et la chimie, qui ont souvent éclipsé sa performance dans l'électronique, l'aéronautique et le ferroviaire.

La décennie prochaine s'annonce plus faste, l'ensemble des métiers de Mersen étant davantage à l'unisson.

"Le solaire redémarrant, la chimie ayant été stabilisée, pour la première fois depuis 2011 nous n'avions pas vu les cinq Business Units participer à la croissance", a déclaré mercredi dans une interview à Reuters Luc Themelin, directeur général du groupe.

Même les industries de procédés connaissent une nouvelle jeunesse grâce à l'Asie.

"A un moment donné, les marchés à fort potentiel liés à l'efficacité énergétique (tendront) vers 50% du chiffre d'affaires du groupe. Il y a une évolution très importante", a ajouté Luc Themelin.

Il estime que ce cap des 50% pourrait être franchi dès le début de la prochaine décennie, contre 30% il y a cinq ans et 40% l'an dernier.

Mersen fournit notamment des cellules solaires pour les panneaux photovoltaïques, des équipements pour la conversion et la distribution d'électricité à l'industrie éolienne et du graphite ultra-pur pour les fabricants de semi-conducteurs.

Il a également proposé à Porsche et Volkswagen un système de protection de batteries pour leurs futurs véhicules électrifiés, un segment de l'industrie automobile appelé à connaître un véritable boom.

Et après trois opérations de croissance externe en avril, Mersen discute d'une acquisition dans l'électronique de puissance, qui pourrait se conclure d'ici quelques mois.

Dans la lignée de la fin 2017, Mersen a enregistré au premier trimestre 2018 une croissance vigoureuse de son chiffre d'affaires de 11% en données organiques, à 208,6 millions d'euros.

Mais cette croissance a été rognée par un lourd effet de changes, qui ramène à +3,3% sa performance en données publiées.

Conscient que ce taux de croissance organique est exceptionnel, le groupe a maintenu ses objectifs pour 2018, à savoir une hausse des ventes comprise entre 3% et 6% et une marge opérationnelle courante de 9,6% à 10,1%, contre 9,2% en 2017.

Au cours de l'interview, Mersen a précisé toutefois qu'il espérait se situer plutôt dans le haut de sa fourchette de croissance organique.

En revanche, au vu de l'évolution actuelle de l'euro/dollar, l'impact annuel des changes risque lui aussi de se situer dans le haut de la fourchette annoncée, de 25 à 30 millions d'euros. (Edité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : Mersen, Volkswagen