PARIS (awp/afp) - Des signaux économiques encourageants, un nouveau président à l'écoute des entrepreneurs, une réforme du marché du travail sur les rails... le Medef ouvre mardi son grand raout de rentrée sous de bons auspices, mais compte bien montrer au gouvernement qu'il reste "vigilant".

"Confiance et croissance: l'avenir c'est la France!": le slogan de la 19e université d'été de la principale organisation patronale résume bien la vague d'optimisme qui s'est emparée des patrons depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République.

"La confiance est un élément indispensable si l'on veut relancer notre économie", répète-t-on à l'envi au Medef.

Une confiance qui semble s'installer doucement: les voyants économiques ont viré au vert ces derniers mois, avec une croissance qui reprend de la vigueur et des anticipations plutôt optimistes.

Selon l'Insee et la Banque de France, le produit intérieur brut français devrait croître de 0,5% au troisième trimestre, après le 0,5% déjà enregistré aussi bien sur le premier que le deuxième trimestre. Sur l'ensemble de l'année 2017, le gouvernement table sur une accélération de la croissance à 1,6% contre 1,1% en 2016.

Du côté des patrons, le climat des affaires ne cesse de s'améliorer et a atteint en août un niveau sans précédent depuis plus de six ans, tandis que les industriels ont revu à la hausse leurs prévisions d'investissement.

"Les signaux sont engageants", admet-on au Medef. "Mais un chef d'entreprise, pour prendre une décision d'investissement ou d'embauche, a besoin d'être sûr que ces signaux positifs sont pérennes et que c'est bien une nouvelle phase qui commence et non un soubresaut de l'économie", ajoute-t-on.

Deux jours durant, ce sont près de 7.500 chefs d'entreprise qui se côtoieront sur le campus d'HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines) et débattront de compétitivité, d'emploi, de "conquête du monde" ou encore de "disruption".

- "Vigilance" -

Nul doute que la réforme du marché du travail dominera les discussions, alors que le gouvernement doit dévoiler officiellement ses ordonnances jeudi, au lendemain de la clôture de l'université d'été.

Les partenaires sociaux, dont le Medef, ont été reçus cette semaine par le cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud qui leur a déjà soumis certains aspects de ces ordonnances.

Pour la principale organisation patronale, le maître mot en la matière est "vigilance". "On n'en a vu qu'une partie, et chat échaudé craint l'eau froide", confie-t-on au Medef.

Les entrepreneurs scruteront aussi de près toute déclaration donnant des indices sur le projet de budget pour 2018, sur lequel planchent les équipes de Bercy.

"La réforme du marché du travail et le projet de loi de finances sont les deux points clés qui renseigneront sur l'intensité de la volonté réformatrice de l'ensemble du quinquennat", explique-t-on.

Si ni le chef de l'Etat, ni le Premier ministre Edouard Philippe ne seront de la partie, une dizaine de membres du gouvernement a quand même prévu de se rendre à ce grand rendez-vous patronal.

Les trois locataires de Bercy, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Benjamin Griveaux seront notamment présents, mais aussi le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, la ministre des Armées Florence Parly ou celui de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Plusieurs patrons du CAC 40 auront aussi l'occasion d'intervenir, dont Jean-Dominique Senard (Michelin), Patrick Pouyanné (Total) ou Jean-Paul Agon (l'Oréal).

Il s'agira par ailleurs de la dernière université d'été organisée par Pierre Gattaz, dont le mandat à la tête du Medef se termine en juillet 2018.

Ce dernier a déjà indiqué que la campagne ne débuterait que le 1er janvier, mais des tractations pour sa succession pourraient avoir lieu dans les allées du campus. "Il y aura peut-être une certaine agitation en coulisses", reconnaît-on au Medef. "Mais ce n'est pas la priorité".

edy/fka/nas