La PFA, qui tient aujourd'hui ses ateliers à Paris, abordera le sujet avec le ministre de l'Economie Emmanuel Macron lors d'un conseil stratégique de la filière prévu mi-décembre. Elle entend aussi mettre sur pied d'ici la fin de l'année une équipe dédiée à la question, et qui sera pilotée par une personnalité de l'automobile.

"Il y a des surcapacités en France dans un certain nombre de métiers. Il est clair que les entreprises qui sont totalement tournées vers la France sont face à un marché qui est ce qu'il est, qui n'est pas ce qu'il était il y a dix ans", a dit Michel Rollier, ancien gérant de Michelin, à la presse.

"Un des devoirs, c'est de les aider, pendant qu'il est encore temps, soit à se diversifier, soit à se rapprocher", a-t-il ajouté. "Ça ne veut pas dire qu'il faut être toujours des géants, mais que dans un certain nombre de domaines il faut avoir une taille critique, c'est une consolidation positive."

La sous-traitance automobile emploie 240.000 personnes en France. Malgré une vague de restructuration et de consolidation lors de la crise de 2008-2009, la filière compte encore pas moins de 5.000 sites industriels de toutes tailles.

"Nous avons là un levier de compétitivité gigantesque", a estimé de son côté Thierry Bolloré, directeur délégué à la Compétitivité de Renault, insistant sur le caractère "extrêmement dispersé" et la petite taille de l'essentiel des sous-traitants du constructeur.

Sur les 350 sites fournisseurs des usines françaises du groupe, 85% représentent une masse d'achat annuelle inférieure à 25 millions d'euros, a-t-il souligné.

Les PME les plus exposées à la France sont à la peine en cette fin d'année car le marché national reste profondément morose. En marge des ateliers, le président du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) a dit que la prévision d'une croissance de 2% sur l'ensemble de 2014 serait probablement revue à la baisse lundi prochain, date de la publication des immatriculations de voitures neuves pour le mois de novembre.

Dans ce contexte, Michel Rollier encourage les sous-traitants automobiles à se diversifier vers des secteurs comme l'aéronautique, le médical, l'éolien ou le nucléaire. Au sein de la filière, l'activité d'emboutissage compte toujours des surcapacités de production, alors que les métiers des fixations ou de la forge-fonderie se sont déjà beaucoup diversifiés ou restructurés.

"La diversification commence déjà par diversifier son portefeuille de clients", a précisé Bernard Million-Rousseau, directeur général de la PFA, "parce que certaines entreprises sont trop franco-françaises, quand elles ne sont pas mono-clients PSA ou Renault."

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume

Valeurs citées dans l'article : Michelin (CGDE), PEUGEOT, Renault