Michelin a prévenu que l'effet prix-mix-matières premières, négatif au premier semestre, le resterait sur l'ensemble de l'année alors qu'il le voyait jusqu'à présent redevenir positif.

A 11h40, l'action du fabricant de pneumatiques chute de 6,18% à 88,66 euros, après un plus bas à 87,80 euros. Si l'ampleur de ce repli se maintenait à la clôture, le titre signerait sa plus forte baisse en une séance depuis novembre 2011.

"Les pressions prix que l'on retrouve particulièrement sur des marchés comme la Chine, l'Asie du Sud-Est, l'Afrique-Moyen-Orient, où les Chinois exportent, est probablement un peu plus forte que ce que l'on avait anticipé au départ", a expliqué le directeur financier Marc Henry au cours d'une conférence de presse.

"En Europe, l'effet baisse de l'euro a été probablement un peu plus forte que ce qu'on pouvait anticiper, c'est pour cela qu'on corrige."

Le recul de la devise européenne face au billet vert au premier semestre a eu un impact défavorable car Michelin achète en dollar son pétrole et son caoutchouc naturel, deux ingrédients qui composent 40% d'un pneu.

De surcroît, si le groupe a bénéficié au premier semestre d'un impact positif de 228 millions d'euros lié à la baisse récente des prix des matières premières, celle-ci a aussi un effet négatif retardé puisque Michelin doit la répercuter à ses clients en vertu de contrats d'indexation.

"Les résultats du premier semestre sont globalement en ligne, mais le mix-prix est faible, ce qui devrait décevoir les investisseurs", commente un trader basé à Paris.

AMÉLIORATION ENTRE LES DEUX TRIMESTRES

Le groupe clermontois compte toutefois compenser cette dégradation par la croissance de ses volumes de vente, qu'il attend désormais supérieure au marché en 2015 et non plus en ligne, après +2,4% au premier semestre.

Signe de sa confiance, il a également légèrement relevé son objectif de cash-flow libre structurel à plus de 700 millions d'euros, et maintenu son objectif d'une hausse de son bénéfice opérationnel avant éléments non récurrents et hors effets de change, la poursuite de son plan de compétitivité devant lui permettre de compenser l'inflation de ses coûts.

Au premier semestre, son résultat opérationnel a progressé de 9%.

"D'un trimestre à l'autre, notre dynamique de croissance s'est accélérée, ce qui nous rend confiant pour l'ensemble de l'année", a déclaré Jean-Dominique Sénard, président de Michelin, en conférence de presse.

Les volumes ont augmenté de 3,4% au deuxième trimestre, contre +1,5% au premier, grâce notamment à la reprise en Europe et à la forte demande en camions observée en Amérique du Nord, tandis que la baisse du prix-mix s'est réduite à 3,6%, contre -5,1% pour les trois premiers mois de l'année.

Michelin a également confirmé qu'il augmenterait de 3% en moyenne ses tarifs en Europe au second semestre pour les voitures, les camions et les engins agricoles.

Fidèle à son positionnement historique premium, le groupe mise aussi sur la poursuite de sa croissance dans les pneus d'au moins 17 pouces. Sur les segments d'entrée de gamme, l'un des points faibles de Michelin, le groupe a relancé ses marques Uniroyal, Siam pour les camions en Thaïlande et BF Goodrich, avec un nouveau pneu pour 4X4 aux Etats-Unis.

* Le communiqué :

http://michel.in/1D4CjNS

(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez)

par Gilles Guillaume