Shenzhen (awp/afp) - Le géant chinois des équipements télécoms Huawei prépare l'ouverture de centres de données hors de Chine, alors qu'il s'attaque au marché lucratif mais très disputé de l'informatique en nuage ("cloud") et s'efforce de muscler ses services aux entreprises.

Après avoir lancé en 2017 une unité dédiée aux service de "cloud" (d'informatique dématérialisée) aux entreprises, Huawei "a commencé à travailler à l'établissement de centres de données hors de Chine", explique-t-il dans un rapport financier.

Le groupe veut s'imposer parmi les challengers mondiaux du "cloud" public (c'est-à-dire basé sur des infrastructures partagées), insiste Yan Lida, président de la branche "services aux entreprises" lors d'un entretien à la presse rendu public lundi.

"Certains y voient une guerre sans merci (...) face à des champions qui dominent déjà le marché. Mais nous ne sommes qu'au début, il reste encore beaucoup d'espace à occuper", insiste-t-il.

Le jeu en vaut la chandelle: selon le cabinet IDC, les dépenses mondiales dans le cloud public atteindront 160 milliards de dollars en 2018, un bond de 23% sur un an, et totaliseront 277 milliards d'ici 2021.

Mais le pari s'annonce compliqué pour Huawei, qui n'y joue encore qu'un rôle confidentiel: en Chine, le géant de l'e-commerce Alibaba se taille la part de lion (plus de 40% du marché) loin devant ses rivaux; à l'échelle mondiale, les américains Microsoft, Amazon et IBM écrasent le marché.

"C'est un pari à long terme", car après les firmes internet, le cloud "attire désormais de grands groupes traditionnels dans les transports, l'énergie, la finance", insiste Ken Hu, directeur général de Huawei, jugeant son groupe "bien positionné" techniquement.

Pour percer à l'étranger, le groupe de Shenzhen dit également compter sur ses collaborations avec des opérateurs télécoms, tel l'allemand Deutsche Telekom ou le français Orange, pour développer des services communs.

Au-delà du cloud, Huawei ambitionne de porter à plus de 10 milliards de dollars cette année les revenus de sa branche de services aux entreprises, après une hausse de 35,1% en 2017 (à 8,4 milliards de dollars, soit 10% du chiffre d'affaires total).

Cette branche --qui travaille avec les firmes pour établir des plateformes gérant leurs données, des systèmes d'objets connectés ou encore des systèmes d'exploitation fluidifiant leurs opérations--, tire 65% de ses recettes de Chine.

Mais elle revendique parmi ses clients 200 des 500 premières entreprises mondiales, dont des banques, des industriels ou des géants de l'énergie occidentaux -- y compris de grands groupes américains, en dépit des revers de Huawei aux Etats-Unis.

Huawei a dépensé l'an dernier 11,6 milliards d'euros en R&D, mettant l'accent sur l'intelligence artificielle, la 5G et les solutions de "cloud".

afp/rp