Francfort (awp/afp) - Le groupe allemand de chimie-pharmacie Bayer, en pleine fusion avec le géant américain des pesticides et OGM Monsanto, a annoncé jeudi avoir plus que triplé son bénéfice net au troisième trimestre, toutefois entièrement grâce à un effet comptable.

Le groupe rhénan a dégagé un bénéfice net de 3,9 milliards d'euros sur la période allant de juillet à septembre, contre 1,2 milliard un an plus tôt. Cette performance s'explique par le gain (2,8 milliards d'euros) généré sur le plan comptable par la déconsolidation de son activité de chimie Covestro et sans lequel le bénéfice net est quasiment stable sur un an.

Son résultat brut d'exploitation Ebitda hors exceptionnels a de son côté gagné 4,1% sur un an, à 2,2 milliards d'euros, alors que le bénéfice d'exploitation Ebit a progressé de 7,6% sur un an à 1,6 milliard d'euros hors exceptionnels, entièrement tiré par la division pharmaceutique.

Dans le détail, l'Ebit des activités pharmaceutiques a en effet gagné 10,2% sur un an à 1,2 milliard d'euros, alors qu'il a chuté dans les trois autres branches: de 20,1% dans les produits d'automédication (Consumer Health), 37,8% dans la division d'agrochimie (Crop Science), déjà plombée au deuxième trimestre par d'importants stocks au Brésil, et de 21% dans la branche santé animale.

Pour l'année, le géant de la chimie-pharmacie attend désormais un chiffre d'affaires de 35 à 36 milliards d'euros dans son nouveau périmètre, en hausse de 1 à 5% sur un an, et un résultat brut d'exploitation (Ebitda) hors éléments exceptionnels "légèrement au-dessus du niveau de l'an dernier".

Les trois mois écoulés ont surtout été marqués "par d'importantes avancées stratégiques", souligne le patron du groupe, Werner Baumann, avec en ligne de mire les noces avec le géant américain des OGM Monsanto, toujours soumises à l'accord des autorités de la concurrence et espérées "début 2018".

"Il y aura de nouvelles étapes à franchir dès que nous connaitrons les exigences concrètes des autorités de régulation", a t-il ajouté en conférence de presse, en référence aux inquiétudes de la commission Européenne sur le risque de concentration sur ce marché déjà peu ouvert.

Bayer avait communiqué fin septembre la cession de 6,9% supplémentaires de Covestro pour un milliard d'euros, ce qui lui a fait perdre comme souhaité le contrôle de cette structure: le groupe détient désormais 24,6% de son ex-filiale directement et 8,9% au travers d'un fonds de pension.

Outre ce désengagement, Bayer a annoncé mi-octobre la vente à son compatriote BASF de près de 6 milliards d'activités agrochimiques, soit des semences de coton, colza et de soja ainsi que ses désherbants dits non sélectifs à base de glufosinate d'ammonium, une transaction toutefois conditionnée à la réussite de la fusion avec Monsanto.

Le patron de Bayer a également qualifié de "situation tragique" le houleux débat européen autour glyphosate, principe actif du Roundup de Monsanto, un herbicide largement utilisé dans l'agriculture et en passe d'être interdit en France.

"Cela fait 40 ans que ce produit est utilisé, et en toute sécurité selon les standards des autorités de régulation il n'est pas cancérigène lorsqu'il est utilisé de manière conforme", a déclaré M. Baumann.

Vers 11H00 GMT, à la Bourse de Francfort, l'action de Bayer dégringolait en queue de l'indice Dax, en baisse de 2,88% à 11,15 euros.

afp/rp