Le rachat de Monsanto par Bayer créerait le numéro un mondial des pesticides et des semences.

La Commission explique dans un communiqué craindre "que le projet d'acquisition ne réduise la concurrence sur un certain nombre de marchés différents et n'entraîne ainsi une hausse des prix, une baisse de la qualité, une réduction du choix et un recul de l'innovation".

Le groupe allemand a réagi à l'ouverture d'une enquête approfondie en se disant prêt à poursuivre la coopération avec la Commission et en espérant obtenir son feu vert d'ici la fin de l'année.

"Bayer est disposé à continuer à travailler de façon constructive avec la Commission en vue d'obtenir l'approbation de la Commission", a déclaré Bayer dans un communiqué.

La société avait auparavant proposé des engagements visant à apaiser les inquiétudes des autorités européennes tout en refusant d'en préciser la teneur. La Commission a estimé pour sa part que ces concessions "ne suffisaient pas à dissiper clairement ses doutes sérieux quant à la compatibilité de l'opération avec le règlement de l'UE sur les concentrations".

A Francfort, l'action Bayer amplifiait sa progression après l'annonce de la CE et gagnait 2,44% à 109 euros vers 15h GMT tandis que Monsanto avance très légèrement à Wall Street.

S'il obtient le feu vert, cet accord donnerait lieu à la troisième fusion de taille dans le secteur de l'agrochimie. Les autres groupes ont également dû offrir des concessions pour remporter l'autorisation des autorités de la concurrence.

Dow n'a eu l'approbation des autorités pour le rachat de DuPont qu'après s'être engagé à vendre des activités clé de recherche et développement et d'autres actifs.

ChemChina a dû céder un part importante de son activité "pesticides et régulateurs de croissance végétale" pour avoir l'autorisation européenne au rachat de Syngenta.

Pour Bayer/Monsanto, la Commission a dit qu'elle coopérait étroitement avec d'autres autorités de concurrence, notamment avec le ministère américain de la justice et les autorités de l'Australie, du Brésil, du Canada et de l'Afrique du Sud.

Ce projet de fusion est par ailleurs critiqué par les militants écologistes qui pensent que l'opération aura des effets négatifs pour les agriculteurs et les consommateurs.

L'organisation Avaaz basée aux Etats-Unis a présenté une pétition d'un million de signatures à la commissaire chargée de la Concurrence Margrethe Vestager pour qu'elle bloque le rachat.

"Plus d'un million de personnes l'appellent à bloquer la fusion diabolique", a dit son directeur juridique Nick Flynn.

La Commission a précisé qu'elle était chargée d'apprécier l'opération "uniquement sous l'angle de la concurrence".

(Robert-Jan Bartunek, Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

Valeurs citées dans l'article : Monsanto, Bayer