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ajoute réactions d'associations françaises de défense de l'environnement

PARIS (awp/afp) - La lourde condamnation du géant agrochimique américain Monsanto, vendredi aux Etats-Unis, pour ne pas avoir informé de la dangerosité du Roundup est "la preuve qu'il faut sortir des pesticides", a estimé samedi le porte-parole de la Confédération paysanne Laurent Pinatel.

"Ce jugement, c'est une nouvelle fois la preuve que les pesticides sont dangereux pour la santé, des utilisateurs en premier lieu --et donc des paysans et des paysannes--, et puis par ricochet aussi de ceux qui consomment les produits", a indiqué M. Pinatel à l'AFP.

Un jury d'un tribunal de San Francisco a condamné Monsanto à payer près de 290 millions de dollars de dommages à Dewayne Johnson. Ce jardinier américain de 46 ans estimait que les produits de Monsanto, et notamment le Roundup qu'il avait vaporisé pendant des années, avaient entraîné son cancer et que la multinationale avait sciemment caché leur dangerosité.

"Il faut absolument se donner les moyens de sortir des pesticides, de cette dépendance", a jugé Laurent Pinatel.

Ceci nécessite, selon le porte-parole du troisième syndicat agricole français, "des moyens techniques avec la recherche et puis des moyens économiques aussi, car les pesticides, c'est un outil de compétitivité dans la guerre économique".

"J'ai déchaumé chez moi cette semaine, je n'ai fait qu'un hectare et j'ai mis une journée", a-t-il témoigné. "Si j'avais passé un coup de Roundup, j'en aurais eu pour une heure!"

"Il y a cette promesse d'Emmanuel Macron de sortir du glyphosate", l'herbicide commercialisé entre autres sous le nom Roundup, a rappelé le responsable syndical.

"Mais de façon globale", il appelle le gouvernement à "(accompagner) par des politiques publiques le passage d'une agriculture aujourd'hui avec béquille chimique vers une agriculture (...) où on arrête d'utiliser des produits qui sont en train de tuer les paysans et les paysannes".

Plusieurs associations françaises de défense de l'environnement ont salué la condamnation de Monsanto aux États-Unis:

"Notre première réaction, c'est de dire +enfin et heureusement+, parce qu'avec tous les éléments à charge contre Monsanto cela aurait été absolument incompréhensible qu'il ne soit pas condamné", a indiqué à l'AFP Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France.

"La justice agit là ou le gouvernement n'est pas présent, il faut que les citoyens continuent de se mobiliser pour que le glyphosate soit enfin interdit en France et en Europe", a-t-elle insisté.

"Générations Futures salue cette décision historique, qui reconnaît le caractère cancérogène de ces produits à base de glyphosate et la responsabilité de Monsanto dans le fait de les avoir mis sur le marché sans en avertir le consommateur", a de son côté indiqué dans un communiqué le directeur de cette association, François Veillerette.

Quant à Benjamin Sourice, président de Combat Monsanto, il juge que "cette condamnation reconnaît non seulement que le Roundup est cancérigène, mais surtout que Monsanto avait les informations sur la dangerosité du produit et qu'ils ont tout fait pour masquer cette dangerosité".

"Elle montre que Monsanto savait depuis le début que sa formule chimique est toxique, et qu'ils ont trompé les autorités publiques", a-t-il affirmé à l'AFP.

"L'ensemble des lobbies des pesticides trompent les autorités publiques, qui se laissent d'une certaine façon volontairement avoir", a-t-il ajouté.

Le groupe pharmaceutique et chimique Bayer, propriétaire de Monsanto depuis peu, a estimé samedi que le glyphosate était "sûr et non cancérogène".

Enfin, l'agriculteur Paul François, figure en France du combat contre Monsanto, a ressenti "beaucoup de joie" pour tous ceux qui se battent à travers le monde après la condamnation aux Etats-Unis du géant agrochimique.

"J'ai pensé à eux en me disant que cette décision allait les aider et leur donner beaucoup d'espoir", déclare à l'AFP le président de l'association Phyto-victimes et auteur du livre "Un paysan contre Monsanto".

Le ministère de l'Agriculture n'avait pas répondu aux sollicitations de l'AFP samedi après-midi.

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