Francfort (awp/afp) - Le groupe allemand de pharmacie et d'agrochimie Bayer s'est montré confiant pour 2017, année qui doit consacrer le rachat du spécialiste américain des semences OGM Monsanto, en dépit d'un contexte politique délicat.

Bayer s'est dit mercredi en bonne voie pour finaliser comme prévu d'ici la fin de l'année l'acquisition de Monsanto pour 66 milliards de dollars, annoncée en septembre.

"Un rachat de cette ampleur n'est pas un sprint mais un marathon", a souligné son patron Werner Baumann depuis le siège du groupe à Leverkusen (ouest), où Bayer tenait sa conférence de presse annuelle.

L'inventeur de l'aspirine, vieux de plus de 150 ans, estime avoir progressé dans le financement du rachat, réalisé notamment à travers le plus grand prêt jamais contracté par une entreprise allemande, ainsi que dans l'obtention des feux verts nécessaires pour boucler l'opération.

Les actionnaires de Monsanto ont approuvé en décembre la fusion et les deux groupes s'efforcent désormais de rassurer les autorités de la concurrence, qui veulent s'assurer que les agriculteurs auront le choix entre différentes sortes de semences et de pesticides.

Bayer et Monsanto font face actuellement à un examen approfondi de leur demande par le département américain de la Justice et comptent déposer une demande d'autorisation dans l'Union européenne au deuxième trimestre, un peu plus tard qu'escompté initialement, alors que la Commission européenne leur réclame plus de détails.

En cas de feu vert, ils formeront le numéro un mondial des semences et pèseront 23 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, avec pas loin de 140.000 employés dans le monde.

M. Baumann a vanté la complémentarité de leurs activités et de leur positionnement géographique. Dans les domaines où existent des "chevauchements", tels que les semences et les herbicides, les deux groupes travaillent avec les autorités à des "solutions appropriées", a-t-il affirmé sans donner de détails.

- Records en 2016 -

L'annonce du mariage avec Monsanto, fabricant de l'herbicide Roundup (glyphosate), est un élément phare de l'année 2016 durant laquelle Bayer a enregistré de nouveaux records de recettes et de bénéfice opérationnel.

Aidé par les ventes de médicaments alors que la division d'agrochimie a peiné, son bénéfice net a grimpé de 10% sur un an à 4,5 milliards d'euros. Une performance qui englobe Covestro, son activité de chimie plastique mise en Bourse. Bayer en détient toujours 64% mais souhaite s'en défaire à moyen terme.

La division de semences et pesticides a vu ses recettes grignotées par les difficultés sur le marché sud-américain et son bénéfice opérationnel (Ebit) reculer de 16%.

Cela n'a pas entamé la performance opérationnelle du groupe dans son ensemble, avec un Ebit en hausse de 13%, à un peu plus de 7 milliards d'euros.

Pour 2017, Bayer se veut "optimiste" et table sur une croissance jusqu'à 5% de ses recettes, à "plus de 49 milliards d'euros" hors effets de change et à périmètre constant, ainsi que sur une progression autour de 5% de son bénéfice brut d'exploitation (Ebitda) hors éléments exceptionnels.

Des prévisions jugées "légèrement décevantes" par les analystes de la banque Berenberg. Vers 12H20 GMT, à la Bourse de Francfort, le titre Bayer était lanterne rouge sur le Dax avec un recul de 2,11% à 106,60 euros.

- L'Europe en "crise" -

Le patron n'a pas caché son inquiétude face au contexte économique et politique actuel. "L'Europe vit une crise existentielle", a-t-il estimé, en évoquant le vote britannique sur le Brexit et en appelant à des réformes pour que le Vieux continent reste attractif.

Il a également regretté la place de plus en plus grande de l'émotion en politique au détriment de la raison et des faits, ce qui rend "la politique de plus en plus imprévisible" alors que Bayer doit investir à long terme.

Interrogé sur sa rencontre récente avec le président américain Donald Trump, tenté par le protectionnisme, M. Baumann a parlé d'une "discussion très bonne et constructive". Bayer s'est récemment engagé à créer 3.000 emplois aux Etats-Unis, où il va continuer d'investir lourdement, et à maintenir dans le pays l'ensemble des personnels de Monsanto.

afp/rp