par Kate Kelland

LONDRES, 6 octobre (Reuters) - Une commission du Congrès s'apprête à entendre des responsables de la principale agence fédérale de recherche sur la santé au sujet du financement public du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) critiquée aux Etats-Unis pour avoir classé comme cancérigènes plusieurs substances, dont le glyphosate.

Un assistant de la commission de la Chambre des représentants chargée de la supervision et de la réforme de l'Etat a déclaré à Reuters que des représentants du National Institutes of Health (NIH) avaient accepté de répondre aux question de la commission sur le financement du CIRC, basé à Lyon (Rhône).

Le CIRC a suscité des controverses ces dernières années en publiant des études sur le caractère cancérigène possible du café, des téléphones portables, de la viande mais aussi du glyphosate, un pesticide développé par le groupe américain Monsanto.

Il est régulièrement critiqué, entre autres par des industriels, pour tirer parfois des conclusions hâtives sur les risques liés à certaines substances. Il se défend en arguant du fait que ses méthodes de travail sont scientifiquement sérieuses.

Dans une lettre datée du 26 septembre adressé au directeur du NIH, le président de la commission de la Supervision, Jason Chaffetz, évoque à propos du CIRC un "historique de controverses, de rétractations et d'incohérences" et lui demande pourquoi le NIH, qui dispose d'un budget de 33 milliards de dollars (29,6 milliards d'euros) continue à le financer.

Le NIH a confirmé à Reuters avoir reçu cette lettre, précisant qu'il répondrait directement à la commission.

L'OMS a renvoyé vers le CIRC. Une porte-parole du CIRC a déclaré à Reuters que la lettre de Jason Chaffetz contenait des "idées fausses" auxquelles son directeur, Chris Wild, s'était efforcé de répondre par écrit au directeur du NIH.

Dans cette lettre, dont le CIRC a adressé une copie à Reuters, Wild rejette les critiques de Chaffetz et souligne que les classifications du CIRC sont "largement respectées pour leur rigueur scientifique, leur processus standardisé et transparent (...) la liberté par rapport aux conflits d'intérêts".

Les ressources financières du CIRC sont relativement limitées: en 2014, son budget avoisinait 30 millions d'euros.

Le centre de recherche est déjà en conflit avec l'Agence européenne de sécurité alimentaire et les autorités européennes et américaines au sujet du glyphosate, qu'il considère comme "probablement cancérigène", alors que les autres organismes estiment qu'il ne l'est pas.

(Marc Angrand pour le service français)