Monsanto a précisé qu'il restait convaincu du potentiel d'un rapprochement entre les deux groupes mais qu'il allait se concentrer sur son coeur d'activité et sur ses objectifs de croissance à long terme.

Syngenta, leader mondial de l'agrochimie, présent dans les semences et les pesticides, a repoussé une offre améliorée de Monsanto, après avoir déjà décliné une première offre en avril.

Le groupe américain a annoncé mercredi dans un communiqué avoir soumis le 18 août une offre améliorée sur le groupe suisse à 470 francs suisses par action contre 449 francs précédemment, soit un montant total d'environ 47 milliards de dollars (40,8 milliards d'euros), confirmant ainsi une information diffusée lundi par les agences Reuters et Bloomberg.

Pour tenter de vaincre les réticences de sa cible, Monsanto avait assorti cette proposition d'un relèvement de la part payable en numéraire, à 245 francs par action.

Dans cette nouvelle proposition, le groupe américain avait également porté l'indemnité de rupture à trois milliards de dollars, soit un milliard supplémentaire, en cas d'échec du projet de fusion avant sa finalisation.

Cette nouvelle offre n'a pas convaincu le groupe suisse, qui a indiqué dans un communiqué que son conseil avait rejeté l'offre de Monsanto à l'unanimité, jugeant qu'elle "sous-évaluait significativement l'entreprise et était truffée d'écueils".

Le groupe bâlois a déjà mis en avant à de nombreuses reprises les obstacles prévisibles à un rapprochement entre les deux groupes, susceptible de susciter des réserves des autorités de régulation de la concurrence sur de nombreux marchés.

Cette décision a déjà suscité des critiques, certains investisseurs appelant le conseil de Syngenta à expliquer comment il comptait compenser la perte de valeur pour les actionnaires.

"Maintenant nous attendons que le conseil et la direction expliquent son plan B", a déclaré Pauline McPherson, gérante d'un fonds de Kames Capital qui détient des actions Syngenta.

Selon l'un des 30 premiers actionnaires du groupe suisse, "la direction de Syngenta ne dispose pas du soutien d'une grande proportion d'actionnaires, probablement parce qu'elle souffre d'un manque de crédibilité après quelques années de faibles performances opérationnelles".

Le titre du groupe suisse a clôturé en baisse de 18,19% à 309,90 francs suisses en Bourse de Zurich, le plus fort recul de son histoire. Ce chiffre est en deçà du cours de 314,40 francs au 30 avril, avant les premières informations concernant des discussions entre les deux groupes.

Le titre du concurrent allemand de Syngenta, K+S, qui a lui aussi rejeté les offres du canadien Potash Corp of Saskatchewan, a effacé ses gains après l'annonce, pour afficher une perte de 2,03% en clôture.

Vers 17h30 GMT, le titre Monsanto bondit de près de 8% à Wall Street, porté en outre par le fait que le groupe américain a annoncé qu'il allait reprendre "dès que possible" son programme de rachat d'actions.

A travers l'acquisition de Syngenta, Monsanto souhaitait étoffer son portefeuille de produits agrochimiques (fongicides, insecticides et herbicides), actuellement très dépendant de son herbicide Roundup.

(Carey Gillam, Mike Shields, Sinead Cruise et Simon Jessop, Myriam Rivet pour le service français, édité par Juliette Rouillon)