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La révolution de la nanomédecine


Les promesses de la nanomédecine sont innombrables. À l'échelle « nano », il devient possible de concevoir des dispositifs thérapeutiques agissant de façon purement physique directement dans la cellule.


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aisant appel à une « constellation » de nano- particules de composition chimique et de fonction variées, la nanomédecine est déjà

une réalité, avec 230 produits identifiés sur l'en- semble du marché ou en cours d'essais cliniques de phase II ou III. Quarante-neuf produits sont commer- cialisés. De nombreux domaines de santé sont concernés. Parmi eux, d'abord le cancer, mais aussi les maladies cardiovasculaires, neurodégénératives, musculo-squelettiques et inflammatoires. La nano- médecine exploite les propriétés spécifiques d'un matériau à l'échelle nanométrique (10-9 m), c'est-à- dire un milliardième de mètre, 50 000 fois plus petit que l'épaisseur d'un cheveu !

Si les applications sont nombreuses et variées, il est néanmoins possible de déterminer deux grands axes qui correspondent à deux générations de pro- duits. La première génération de nanomédecine a concerné des systèmes visant à améliorer la déli- vrance de principes actifs, la distribution des pro- duits dans l'organisme et/ou à diminuer leur toxicité.



Selon Laurent Levy, vice-président de l'Etpn et président du directoire de la PME spécialisée en nano- médecine Nanobiotix,

« une vague d'innovations arrive, et son potentiel est remarquable ».

La plupart sont des « nanovecteurs » chargés en médicaments, qu'ils trans- portent jusqu'au cœur de leur cible, en cancérologie la cellule tumorale. Pour les guider, les chercheurs incorporent à leur surface des molécules capables de se lier à un « récepteur » porté par les cellules tumorales. Mais on peut aussi utiliser la capacité spontanée de certaines nanoparticules à s'accumuler dans les foyers tumoraux. En concen- trant les molécules thérapeutiques au cœur des foyers tumoraux, ces nano- particules augmentent leur efficacité, en diminuant leur toxicité à l'égard des tissus sains. « Boosté », un anticancé- reux classique peut ainsi connaître une

« nouvelle vie ». Cette approche a donné des outils plus efficaces, mais n'a pas

changé les fondamentaux car elle fait intervenir des molécules thérapeutiques classiques qui gardent leurs caractéristiques intrinsèques.


Des moyens nouveaux pour intervenir sur le vivant

En revanche, la deuxième génération de produits est une vraie rupture, car les propriétés physiques des nanoparticules elles-mêmes sont mises à profit pour un effet thérapeutique. Il ne s'agit plus du prin- cipe du médicament pour lequel les interactions biologiques jouent un rôle prépondérant, mais de la


WILLIAM PARRA

nanoparticule elle-même qui va générer un effet physique à l'intérieur de la cel- lule pour en modifier le comportement. C'est l'approche de la société alle- mande Magforce, qui a développé une nanoparticule chargée en particules magnétiques (oxyde de fer). Une fois injectée dans la tumeur, elle vibre sous l'effet d'un champ magnétique : cette vibration dégage de la chaleur, qui brûle les cellules tumorales. Les auto- rités sanitaires européennes ont ap- prouvé ce dispositif. Une autre approche est développée par la société Nanobiotix, une PME française qui développe des traitements à partir de nanoparticules : l'enjeu est de renforcer la puissance destructrice de la radiothérapie dans les cellules tumorales, tout en dimi-

nuant sa toxicité pour les tissus sains.

Cette deuxième génération de produits est l'inverse d'une médecine personnalisée, ciblée, qui s'adresse à un petit nombre de patients, elle concerne une large population de malades. « D'une personne à l'autre, la biologie change. Alors que la physique est la même pour tout le monde. Si vous chauffez des cellules cancéreuses, elles meurent toutes », explique Laurent Levy, vice-président de l'Etpn (Eu- ropean Technology Platform for Nanomedicine) et président du directoire de Nanobiotix.


500 PME en Europe

L'Europe est particulièrement bien placée, avec des centres de recherche, des universités et des entreprises, au total plus de 1 500 acteurs. « Avec 500 PME dans le domaine de la nanomédecine, l'Europe est pour le moment mieux placée que les États-Unis pour relever le défi », précise Laurent Levy. Et c'est à Paris que les leaders européens de la nanomédecine ont décidé d'implanter leur centre névralgique, véritable vitrine européenne, l'Etpn. Créée en 2005, cette plateforme est un « joint-ven- ture » entre la Commission européenne, l'industrie (de grands groupes européens de technologies de santé tels qu'à l'origine Philips, Siemens, UCB, GE

Des nanoparticules NBTXR3 cristallines et inorganiques d'oxyde d'hafnium (HfO2) d'un diamètre de

50 nanomètres sont conçues pour absorber spécifiquement les rayons X utilisés en radiothérapie (représentation

d'une nanoparticule en bas à droite). Une fois injectées dans la tumeur, les nanoparticules s'accumulent dans

les cellules cancéreuses (à gauche de l'illustration).

NANOBIOTIX

Healthcare, Biomérieux, etc.) et

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28 SEPTEMBRE4 OCTOBRE 2015




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des PME innovantes telles que Nanobio-


Une fois injectées dans la tumeur, les nanoparticules


deux groupes de traitement ont un protocole clas-

tix, Onxeo (BioAlliance Pharma), etc., et des labora- toires de recherche académique. La plateforme contribue à mettre en place de nombreux projets européens. Elle apporte une vision stratégique sur la recherche et les innovations à venir, dans le but d'ai- der au transfert efficace des résultats de la R&D en produits innovants disponibles pour les patients.

s'accumulent dans les cellules cancéreuses. Grâce aux propriétés physiques de l'oxyde d'hafnium, les nanoparticules émettent des quantités très impor- tantes d'électrons lors de l'exposition aux rayons X, amplifiant ainsi de façon considérable la dose d'énergie létale reçue par la tumeur. Cela provoque

sique, avec cinq semaines de radiothérapie, suivies de la résection chirurgicale de la tumeur. La phase pivot de l'étude a été lancée à la suite des résultats de phase I présentés lors de la conférence de l'Asco 2014, faisant la preuve de concept du produit. Cette étude internationale devrait être terminée à la fin de

l'année 2016 (156 patients),

Selon Laurent Levy, « une vague d'innovations arrive, et son potentiel est remarquable. D'ici cinq ans, tous les laboratoires pharmaceutiques dispo- seront d'un programme de nanomédecine ». Selon les dernières analyses, l'ensemble du marché de la nanomédecine devrait représenter 129 milliards de

Effets démultipliés de la radiothérapie avec

le produit NBTXR3 dans les cancers de la tête et du cou et le sarcome des tissus mous

avec des résultats intermé- diaires à la fin du premier semestre 2016 (104 pa- tients). Il s'agit de la dernière étape avant l'enregistrement du produit (marquage CE), qui

dollars en 2016.


L'exemple de Nanobiotix

Nanobiotix est un exemple de ces sociétés inno- vantes. Spin-off de l'université de Buffalo, créée en 2003, elle a développé une approche révolutionnaire dans le traitement local du cancer, la technologie NanoXray (NBTXR3), qui permet de maximiser l'ab- sorption des rayons X à l'intérieur des cellules cancé- reuses et d'améliorer l'efficacité de la radiothérapie.

« Elle repose sur le mode d'action physique de nano- particules inertes et inorganiques d'oxyde d'hafnium (HfO2) d'un diamètre de 50 nanomètres, explique Laurent Levy. Elles sont conçues pour absorber spé-

cifiquement les rayons X utilisés en radiothérapie.

la formation de radicaux libres dans la cellule tumo- rale qui, à leur tour, endommagent les cellules can- céreuses et provoquent localement leur destruc- tion. » L'efficacité de la radiothérapie est ainsi démultipliée. En revanche, les tissus sains reçoivent une dose standard de rayons X.

Ce produit est actuellement testé dans plusieurs études cliniques. C'est dans le sarcome des tissus mous que les essais sont le plus avancées, et Nano- biotix a annoncé récemment des résultats prélimi- naires positifs de son essai de phase I/II. L'étude d'enregistrement de phase II/III permettra de com- parer l'activité antitumorale de NBTXR3 (administré par injection intratumorale) avec radiothérapie par rapport à une radiothérapie seule. Les patients des

est prévu pour la fin de l'année 2016.

Récemment, un essai clinique de phase I/II a dé- marré dans deux nouvelles indications, le carcinome hépatocellulaire et les métastases du foie. « Nous allons poursuivre l'extension du développement cli- nique de NBTXR3 en lançant d'autres études comme dans le cancer de la prostate, prévue aux États-Unis d'ici la fin de l'année », explique Laurent Levy.

Nanobiotix est entrée en Bourse en octobre 2012. La société est cotée sur le marché réglementé d'Euronext. Installée à Paris, Nanobiotix a ouvert une filiale aux États-Unis, à Cambridge, près de Boston.

Dr Philippe Massol




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