L'indice Dow Jones a perdu 3,36 points, soit 0,02%, à 17.526,62. Le S&P-500, plus large et principale référence des investisseurs, a gagné 0,42 point (0,02%) à 2.047,63. Le Nasdaq Composite, soutenu entre autres par Apple (+1,15% à 94,56 dollars), a pris 23,39 points (0,50%) à 4.739,12.

Au-delà des marchés actions, les déclarations de la Fed ont provoqué un brusque raffermissement du dollar, ce qui a fait se retourner à la baisse les cours du pétrole, tandis que les rendements des bons du Trésor américain ont bondi.

Les trois grands indices de Wall Street étaient clairement orientés à la hausse jusqu'à la publication du compte-rendu de la dernière réunion du Federal Open Market Committee (FOMC) en avril.

D'après ces "minutes", la plupart des responsables de la Fed jugent qu'il sera probablement approprié de relever les taux d'intérêt en juin si les indicateurs macro-économiques vont dans le sens d'une accélération de la croissance aux Etats-Unis au deuxième trimestre, d'un redressement de l'inflation et d'un raffermissement du marché du travail.

Autrement dit, un nouveau tour de vis monétaire pourrait intervenir bien plus tôt que ne le pensait Wall Street jusqu'à présent.

Après la publication de ces minutes, les intervenants de marché estiment à 34% la probabilité d'une hausse de taux en juin contre 15% mardi, selon le baromètre FedWatch de CME Group. Pour juillet, la probabilité est désormais de 50-50 alors que les traders voyaient auparavant une chance sur trois de hausse de taux.

LA GRANDE DISTRIBUTION CONTINUE DE SOUFFRIR

"La plupart des anticipations, si même elles existaient, avaient été repoussées à juillet mais pour l'essentiel, le marché s'était repositionné sur la base que la Fed ne ferait rien du tout (...) Donc c'est un peu une surprise d'entendre la Fed adopter une telle attitude de faucon dans les minutes", a réagi Michael O'Rourke, responsable de la stratégie de marché chez JonesTrading dans le Connecticut.

Avant même la publication de ces "minutes", le président de la Fed de Dallas, Robert Kaplan, avait dit qu'il préconiserait une hausse des taux à la réunion de juin ou à celle de juillet et deux autres responsables de la Fed ont évoqué jusqu'à trois hausses cette année.

Si sept des 10 grands indices sectoriels du S&P ont fini dans le rouge, les valeurs financières ont pleinement profité de la perspective d'un relèvement plus précoce que prévu des taux d'intérêt. Elles ont signé la meilleure performance du jour avec un gain de 1,87%, alimenté par des progressions de 3,42% à 4,97% pour Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley, Bank of America et Citigroup.

Les spécialistes de la distribution ont en revanche pesé sur la tendance.

Target a chuté de 7,62% à 68,00 dollars, l'un des plus forts reculs du S&P-500, après avoir annoncé une hausse moins élevée que prévu de ses ventes à périmètre comparable. Il a entraîné dans son sillage son concurrent Wal-Mart Stores qui a reculé de 3% à 63,15 dollars, plus forte baisse du Dow et principal frein à la progression de cet indice.

Lowe's, en revanche, a gagné 3,33% à 78,60 dollars après avoir fait état de résultats trimestriels supérieurs aux attentes, la chaîne de magasins de bricolage ayant, comme son plus grand rival Home Depot, bénéficié de la vigueur du marché immobilier américain et de conditions météo favorables.

Le dollar a pris 0,69% face à un panier de devises de référence après avoir touché des plus hauts depuis fin mars, quasiment 1% face au yen au-dessus de 110 yens et 0,85% face à l'euro, à 1,1215 dollar.

Sur le marché obligataire, les Treasuries ont fortement réagi aux déclarations de la Fed, notamment les papiers à courte échéance, le deux ans grimpant jusqu'à 0,912%, un plus haut depuis le 16 mars.

Le rendement à 10 ans est monté à 1,8521%.

(Bertrand Boucey pour le service français)

par Lewis Krauskopf