Le principal indice du marché local avait perdu près de 23% tout de suite après l'ouverture, avant de réduire progressivement sa perte. Il a réalisé sa plus mauvaise performance journalière depuis au moins 1985, année où a commencé la compilation moderne des données. Au contraire, l'indice européen FTSEurofirst 300 a gagné 0,64%.

"Comme prévu, le marché a sombré", a dit Takis Zamanis, de Beta Securities. "Des acheteurs sont apparus pour les valeurs non bancaires, des poids lourds tels qu'OTE Telecom et (le groupe de jeux de paris) OPAP, ce qui montre qu'il existe malgré tout un intérêt acheteur", a toutefois ajouté Takis Zamanis.

OTE, qui a représenté 30% environ du volume du jour, n'en a pas moins chuté de 11,5%.

L'indice du secteur bancaire a chuté de 30%, soit la limite maximale de volatilité quotidienne. Dans ce segment, qui représente environ 20% de l'indice général, les cinq grandes banques ont été réservées à la baisse durant la plus grande partie de la séance, sans trouver le moindre acheteur.

"Il semble que les banques risquent encore de rétrograder mardi avant que des rachats se manifestent", a déclaré un gérant. "Il faudra quelques jours au marché pour se rééquilibrer".

Neuf valeurs seulement sont dans le vert, surtout des petites capitalisations, dont les variations ont été amplifiées par de très faibles volumes d'échange. Ainsi, le fabricant de meubles Dromeas a gagné près de 29% après avoir décroché un contrat de 30 millions d'euros pour meubler les locaux de la Commission européenne.

LES BANQUES SONT LES PLUS EXPOSÉES

Toutes les transactions à la Bourse d'Athènes avaient été suspendues fin juin dans le cadre des mesures de contrôle des capitaux imposées par les autorités pour endiguer les sorties d'euros du pays, alors que le système bancaire national était menacé de s'écrouler.

Depuis, le gouvernement d'Alexis Tsipras a conclu avec ses partenaires européens un accord cadre censé permettre un allégement du fardeau de la dette en échange de nouvelles réformes et de mesures d'austérité budgétaire.

Mais l'application de cet accord est loin d'être acquise, ce qui continue de nourrir l'incertitude économique et politique et qui pourrait conduire à des élections anticipées.

Selon un article publié dimanche par le quotidien Avgi, proche du parti Syriza du Premier ministre, le gouvernement souhaite obtenir en août une première tranche d'aide de 24 milliards d'euros.

Sur ce montant, précise le journal, dix milliards iraient à la recapitalisation des banques grecques, 7,16 milliards au remboursement d'un prêt-relais d'urgence et 3,2 milliards au remboursement d'obligations détenues par la Banque centrale européenne (BCE) et d'autres institutions.

La Commission européenne, elle, juge peu probable qu'un accord puisse être conclu avant la fin du mois d'août et estime qu'un nouveau prêt-relais sera nécessaire.

Ces incertitudes contribuent à affaiblir le secteur bancaire grec, dont la recapitalisation probable aura pour effet de diluer la valeur des actions.

La Bourse d'Athènes souffre aussi du maintien des mesures de contrôle des capitaux, qui visent à éviter des sorties massives d'euros du pays. Les particuliers ne peuvent par exemple effectuer aucun virement de leurs comptes de dépôt dans le but d'acheter des actions.

Une source de l'autorité des marchés financiers grecs a déclaré que l'interdiction des ventes d'actions à découvert, censée expirer lundi, serait prolongée.

Sur le front macroéconomique, l'enquête mensuelle de l'institut Markit sur le secteur manufacturier, publiée lundi, montre que l'activité industrielle a atteint en juillet son plus bas niveau historique avec l'effondrement des carnets de commandes, conséquence de trois semaines de fermeture totale des banques. Bruxelles estime que l'économie grecque devrait se contracter de 2% à 4% cette année.

(Marc Angrand et Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par George Georgiopoulos et Angeliki Koutantou

Valeurs citées dans l'article : National Bank of Greece, Dromeas SA