Paris (awp/afp) - La banque Natixis a été mise en examen pour avoir diffusé en 2007, en plein crise des "subprime", des informations sur ses activités aux Etats-Unis de nature à tromper les actionnaires sur sa santé financière.

En cause: deux communiqués diffusés par l'établissement, filiale cotée du groupe BPCE (Banque populaire-Caisse d'épargne).

Natixis n'a pas souhaité apporter de détails sur les documents concernés, indiquant seulement que cette décision, prononcée mardi, intervenait "dans le cadre d'une procédure d'instruction judiciaire ouverte en 2010".

Selon une source proche du dossier, le premier communiqué mis en cause a été publié en juillet 2007 et faisait état du "soutien plein et entier" de Natixis à sa filiale américaine de rehaussement de crédit CIFG. Cette entité était alors fortement exposée à la crise des "subprime", ces prêts immobiliers accordés en masse à des ménages à la situation financière fragile dans les années 2000.

Quelques mois plus tard, la Banque Populaire et la Caisse d'Epargne devaient voler au secours de leur filiale, menacée de dégradation par les agences de notations, en lui rachetant CIFG et en y injectant 1,5 milliard de dollars.

Natixis est aussi mise en cause, selon la même source, pour avoir présenté à l'occasion de la publication de son chiffre d'affaires du troisième trimestre 2007 une estimation de son exposition aux risques "subprime" qui s'est par la suite révélée nettement sous-évaluée.

SITUATION "SANS PRÉCÉDENT"

Dans un communiqué diffusé mercredi, la banque "considère avoir fourni au public, en toute sincérité, les informations dont elle disposait sur ses expositions, au fur et à mesure de l'identification des risques sous-jacents".

"A cet égard, la mise en examen ne questionne que l'information diffusée par Natixis" dans ces deux communiqués de 2007, "et ne remet en cause ni sa communication ultérieure, ni sa communication antérieure", ajoute-t-elle.

La justice avait été saisie en 2009 par des petits actionnaires emmenés entre autres par l'Association pour la défense des actionnaires minoritaires (Adam).

Cette organisation avait porté plainte pour "diffusion d'informations trompeuses" et "présentation de comptes inexacts".

"Des centaines de milliers de gens ont été sollicités pour acheter des titres Natixis ou souscrire à une augmentation de capital par des conseillers bancaires en qui ils avaient confiance", a rappelé mercredi à l'AFP la présidente de l'Adam Colette Neuville.

"Quand on a découvert des subprime extrêmement dangereux" dans les comptes de la banque, "des titres vendus aux clients à environ 20 euros" lors de son introduction en Bourse en 2006 "sont descendus à 1 euro", a-t-elle ajouté.

L'entrée en Bourse de Natixis avait connu un grand succès populaire, plus de 2,8 millions de particuliers souscrivant des titres.

"Ils n'ont pas arrêté de faire de la communication pour nourrir leur cours de Bourse mais les gens n'ont pas été informés qu'ils détenaient un titre qui en réalité avait un fort potentiel de baisse", a souligné Mme Neuville.

La crise des "subprime" a fait basculer les Etats-Unis dans la pire récession depuis la Grande Dépression de 1929 et a eu des répercussions mondiales. Natixis, banque alors toute jeune, a subi de plein fouet l'onde de choc, accusant une perte nette de 2,8 milliards d'euros en 2008 et de 1,7 milliard d'euros en 2009 avant d'entamer un redressement.

"Cette crise a constitué, pour Natixis comme pour toutes les banques de la place, une situation sans précédent dont il était alors impossible d'anticiper les conséquences en chaîne", insiste mercredi l'établissement.

afp/jh