Paris (awp/afp) - Après les agriculteurs et quelques industriels, un grand groupe agroalimentaire, Nestlé France, est sorti du bois jeudi pour fustiger l'attitude des supermarchés, accusés de "bafouer" les engagements pris lors des Etats généraux de l'alimentation en multipliant les baisses de prix.

"Dans le cadre des négociations commerciales annuelles, toutes les enseignes demandent une fois encore des baisses de prix... qui viendront une année de plus détruire de la valeur et alimenter la guerre des prix" écrit Richard Girardot, Pdg de Nestlé France dans un billet de son blog jeudi, intitulé "C'est qui le patron?" (http://richardgirardot.fr/)

Il dénonce en particulier la chaîne Intermarché, qui lance "des offres promotionnelles de 70%" sur le Perrier, produit par Nestlé.

"Quant aux promotions en général qui devaient se limiter en volume et en valeur, que penser des catalogues du moment qui proposent au delà d'Intermarché, du -50% chez Carrefour, du 1+1 gratuit chez Géant Casino ou encore 40% de remise immédiate chez Cora?" s'interroge le responsable.

"Toutes ces promotions (...) semblent bien loin des engagements de retour à la raison pris par les enseignes vis-à-vis des plus hautes autorités de l'Etat" note M. Girardot, en fustigeant la "fuite en avant" de la distribution qui, "seule contre tous", poursuit "une guerre des prix qui met à genoux agriculteurs et industriels".

En attendant une loi qui doit interdire les promotions abusives, relever le seuil de revente à perte, et dont le texte doit être présenté en conseil des ministres le 31 janvier, les grandes enseignes s'étaient engagées lors des Etats Généraux de l'Alimentation, dans une "charte", à anticiper les principes de la future loi et à les respecter dès cette année.

"A peine deux mois se sont écoulés, et l'ensemble de ces engagements sont bafoués" écrit M. Girardot.

Le 9 janvier, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, premier syndicat agricole, avait également regretté l'attitude de la distribution.

"Les commerciaux (représentant les industries agro-alimentaires, NDLR) en discussion dans les box de négociation (avec les représentants des centrales d'achat des supermarchés, NDLR) se font rabrouer lorsqu'ils osent évoquer la charte d'engagement, la distribution s'assoit dessus et exige des baisses de 2 à 8% sur des produits qui avaient déjà baissé de 3% l'an dernier" s'est émue Mme Lambert, en évoquant des négociations "extraordinairement difficiles et compliquées".

Jean-Yves Foucault, président de la coopérative Limagrain, présente dans l'industrie agroalimentaire via sa filiale de boulangerie industrielle Jacquet (pains de mie, pâtisserie Brossard), a donné le même son de cloche: "il n'y a pas de modification sur ce qu'on vit cette année (...) par rapport à ce qu'on vivait les années précédentes" a-t-il dit en début de semaine à Paris.

"Tant qu'on autorisera toutes les ententes à l'achat et qu'on interdira toutes les ententes à la vente, le système n'évoluera pas" a-t-il analysé, en rappelant qu'il y a "300.000 agriculteurs, des milliers de PME agro-alimentaires, 60 millions de consommateurs et seulement quatre centrales d'achat" pour la grande distribution.

afp/rp