Zurich (awp) - L'action Nestlé reprenait son chemin ascendant à la veille du week-end, après la déconfiture essuyée ces derniers jours. La veille, la multinationale veveysane a annoncé un examen stratégique de ses activités de confiserie aux Etats-Unis, une décision bien accueillie par la communauté financière. Les analystes y voient un premier acte du nouveau directeur général (CEO) Mark Schneider, susceptible d'être suivi par d'autres.

A la Bourse, les investisseurs ont applaudi des deux mains: le titre a bondi de 3,02% à 83,45 CHF, tout près du plus haut historique et de l'année à 83,65 réalisé il y a deux semaines. Dans le sillage de Nestlé, le SMI a gagné 1,25%.

Selon Baader Helvea, l'annonce constitue une première étape dans un processus de création de valeur accélérée pour les actionnaires. L'analyste Andreas von Arx estime qu'il s'agit d'un excellent choix, au vu notamment de la rentabilité inférieure à la moyenne, de la dynamique négative en termes de parts de marché, sans parler de la difficile conciliation du segment avec les ambitions de Nestlé dans le domaine des alicaments.

Par ailleurs, le timing est idéal. Les conditions de financement sont particulièrement favorables, ce qui devrait permettre à Nestlé de trouverfacilement un repreneur parmi ses concurrents, estime l'expert, citant Mondelez, Hershey et Kraft Heinz.

Même son de cloche chez Morgan Stanley, qui voit dans le nouveau CEO un catalyseur pour une meilleure allocation du capital, l'optimisation du portefeuille et en fin de compte la croissance. L'analyste Sanath Sudarsan souligne que la 4e position de Nestlé dans un segment de masse aussi exigeant que la confiserie américaine n'était pas intéressante sur le plan stratégique.

AUTRES RECENTRAGES ATTENDUS

Bien que l'examen ne concerne que 1% des recettes du groupe (900 mio CHF), ou 3% de celles réalisées sur son principal marché, la banque américaine s'attend à ce qu'une éventuelle transaction se traduise par la création de valeur pour les actionnaires. D'autres cessions pourraient avoir lieu par la suite, anticipe l'analyste.

Son confrère de JPMorgan relève pour sa part qu'en raison des dispositions anti-cartellaires, les repreneurs potentiels pourraient ne pas se presser au portillon. Il cite notamment le cas du concurrent Hershey, qui risquerait de tomber dans le viseur des gendarmes de la concurrence en cas de reprise.

Jean-Philippe Bertschy, de la banque Vontobel, évoque une "excellente décision" et n'hésite pas à parler du "début d'une nouvelle ère" pour Nestlé. Il rappelle que le géant veveysan a perdu pendant des années des parts de marché avec les marques locales américaines, pour atteindre aujourd'hui 8,4%, derrière Hershey, Mars et Lindt.

Selon l'expert de Vontobel, l'annonce s'inscrit dans la suite logique des restructurations entreprises dans les usines de confiserie en Italie et au Royaume-Uni, et de la fermeture d'un site en Autriche. Il se demande quelle sera la prochaine unité qui passera sous la loupe du nouveau CEO.

Les observateurs peinent toutefois à s'entendre sur un possible prix de vente des activités de confiserie aux Etats-Unis. Les montants évoqués oscillent entre 2,5 et 3 mrd USD. Dans l'ensemble, les intervenants s'attendent à une réaction positive du marché et une tendance du cours à la hausse.

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