Zurich (awp) - Le géant de l'alimentaire Nestlé a dégagé au premier semestre un bénéfice net en hausse, mais la rentabilité, les ventes et la croissance organique ont marqué le pas. La direction a confirmé jeudi ses objectifs pour l'ensemble de l'année, en nuançant toutefois quelque peu ses projections, mais n'a fait aucune déclaration sur les velléités du fonds d'investissement Third Point. Le marché a sévèrement sanctionné le titre du groupe vaudois.

"La croissance organique au premier semestre n'a pas complètement satisfait nos attentes", a admis d'emblée le nouveau directeur général (CEO) Mark Schneider. Le patron s'est par contre déclaré satisfait de la rentabilité "conforme à nos attentes, car les économies de restructuration et les gains d'efficacité ont compensé la hausse des coûts de matières premières. Nous accélérons nos mesures d'amélioration des marges".

Concrètement, le bénéfice net attribuable aux actionnaires est ressorti à 4,89 mrd CHF, un bond de 19,2% sur un an. Cette hausse est le résultat d'une base de comparaison favorable, le premier semestre 2016 ayant été affecté par un ajustement d'impôts.

Le résultat opérationnel courant (Ebit) s'est par contre amenuisé de 2,5% à 6,45 mrd et la marge afférente est passée à 15,0%, en baisse de 0,3 point sur un an. Le groupe explique ce repli par les coûts de restructuration et d'autres éléments opérationnels qui ont bondi de 77% à respectivement 166 mio et 349 mio.

Au niveau des recettes, les ventes ont très légèrement reculé (-0,3%) à 43,02 mrd CHF, pénalisées par l'impact des cessions nettes (-2,3%) et des taux de change (-0,3%).

Chiffre clé du groupe veveysan, la croissance organique a atteint 2,3%, en baisse de 1,3 point de pourcentage par rapport au premier semestre 2016. La croissance interne réelle (RIG), qui calcule les volumes écoulés, s'est quant à elle établie à 1,4%, après 2,8% un an plus tôt.

Les performances du numéro un mondial de l'alimentaire ont nettement manqué le coche pour la croissance organique et le RIG, attendus à respectivement 2,7% et 1,6% par les analystes.

Le marché a vivement réagi, le titre baissant de 1,0% à 81,50 CHF dans un SMI en hausse de 0,31% vers midi. Les analystes ont vivement critiqué une performance inférieure aux attentes. "Des résultats (...) à oublier" avec "rien de positif" pour Vontobel et des résultats "faibles sur toute la ligne" selon Baader Helvea.

Par répartition géographique, la zone Amériques a enregistré une hausse des ventes de 3,1% à 13,3 mrd. La croissance organique a par contre chuté à 1,3%, après 5,1% il y a un, et "a été faible" en Amérique du Nord.

TROP CHAUD POUR DU BOUILLON

En Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord, les recettes se sont contractées de 10,3% à 7,8 mrd et la croissance organique s'est établie à 1,0%, contre 2,6% un an auparavant. L'Europe de l'Ouest a enregistré une baisse des ventes sur une base organique, alors que l'Europe de l'Est a réalisé une progression autour de 5%.

Le directeur financier (CFO) François-Xavier Roger a justifié le repli en Europe de l'Ouest par un mois de juin particulièrement chaud qui a pénalisé les ventes de café, pizza et bouillon.

En Asie, Océanie et Afrique subsaharienne, le chiffre d'affaires a crû de 1,3% à 7,9 mrd pour une croissance organique qui a bondi à 4,8%, après seulement 2,3% au premier semestre 2016. La progression en Chine est redevenue positive au deuxième trimestre, a ajouté Nestlé, sans plus de précision.

M. Roger a indiqué qu'en Chine, la marque Yinlu a affiché des premiers signes de reprise. Le chiffre d'affaires avait chuté de 25% l'année dernière, mais cette baisse a été interrompue grâce à des investissements élevés et de nouveaux produits.

Malgré des chiffres mitigés, la direction a confirmé ses objectifs pour l'année en cours. Le groupe vise une croissance organique de 2% à 4% en 2017 et une marge opérationnelle stable à taux de change constant. La croissance organique s'établira cependant "probablement dans la moitié inférieure de la fourchette", a averti Nestlé. Les projections d'ici 2020 restent quant à elles inchangées.

La multinationale veveysane vise également en 2017 une progression du bénéfice récurrent par action, hors effet des devises, et du rendement des fonds propres.

Interrogé sur les ambitions de Third Point, le CFO a refusé de commenter "les discussions avec les actionnaires". Fin juin, le fonds activiste américain, aux mains du milliardaire Daniel Loeb, est entré au capital de Nestlé. Third Point exige notamment une vente de la participation des 23% que Nestlé détient dans le groupe français de cosmétiques L'Oréal.

al/buc