Zurich (awp) - L'action a entamé la séance de mercredi sur une hausse sensible à la Bourse suisse. La multinationale veveysane a annoncé mardi soir un programme de rachat d'actions pourtant sur jusqu'à 20 mrd CHF. L'opération en elle même ne constitue pas une véritable surprise, relèvent les analystes. Le choix du moment en revanche - au lendemain de la formulation d'exigences par un nouvel entrant au capital du mastodonte agroalimentaire - alimente les débats.

Third Point Capital réclame depuis lundi un geste envers les actionnaires, une amélioration de la rentabilité, ainsi qu'un désengagement du géant français des cosmétiques notamment.

A 09h45, la nominative Nestlé s'enrobait de 1,3% à 85,40 CHF, mais se trouvait parmi les rares valeurs à tenter de maintenir à flot le SMI en retrait marginal de 0,11%.

La multinationale veveysane a annoncé mardi soir le lancement d'un vaste programme de rachat d'actions sans piper mot sur une éventuelle cession de son imposante participation dans le français L'Oréal, relève Deutsche Bank. Garry Gallagher s'étonne du moment choisi pour annoncer cette décision et note que la direction assure qu'elle intervient dans le cadre de la vaste revue d'actifs entreprise en début d'année.

L'analyste estime que quelles que soient les considérations réelles de la direction, l'opération de communication sera perçue par le marché comme une réaction aux prétentions du fonds activiste Third Point Capital, qui vient de prendre une modeste participation dans le capital du mastodonte agroalimentaire. La recommandation "buy" demeure de mise, mais l'objectif de cours est relevé à 90 CHF.

Jefferies pour sa part met en garde contre tout excès d'optimisme. La banque d'affaires américaine souligne que d'une part les exigences formulées par Third Point Capital constituent des défis d'envergure pour le mastodonte agroalimentaire et que d'autre part le poids du nouvel arrivant demeure plutôt modeste. Nestlé risque de se montrer réticent à endosser publiquement les recommandations du nouveau venu, anticipent les analystes, qui rehausse l'objectif de cours à 80 contre 79 CHF mais campent sur la recommandation "hold".

PRÉCIPITATION DANS LA COMMUNICATION, PAS DANS LA PRISE DE DÉCISION

Barclays s'aligne sur ces conclusions et ajoute que l'obtention de l'aval du gendarme de la Bourse suisse à une opération de cette envergure, représentant près de 7% du capital-actions du groupe, nécessite plus qu'une paire de jours de négociations. L'établissement britannique ne doute pas que l'arrivée de Mark Schneider à la tête de la première valorisation de la place helvétique insufflera son lot de changements, mais s'inquiète des attentes croissantes du marché quant à l'ampleur de cette évolution.

Kepler Cheuvreux justement anticipe de nouveaux objectifs à moyen terme comprenant une augmentation de la rentabilité jusqu'à 18 ou 19% et assortis d'un vaste remaniement de portefeuille. Le courtier genevois s'apprête à retravailler sa projection de juste valorisation, mais reconduit d'ores et déjà sa recommandation d'achat.

Bernstein demeure fermement convaincu que Nestlé aurait préféré dévoiler son programme de rachat d'actions en septembre à l'occasion de sa journée des investisseurs. Même si la décision n'a pas été motivée par la formulation des exigences de Third Point Capital, le moment de sa publication, lui, l'a peut-être été, suppute la banque américaine. Cette communication précipitée a par ailleurs empêché le nouveau patron de préparer le terrain pour dévoiler sa vision du futur de l'entreprise.

Vontobel estime aussi que l'annonce résulte d'un changement stratégique mené par le directeur général Mark Schneider et non de la pression du nouvel actionnaire. Les récentes nouvelles(rachats d'actions, investissements dans des secteurs et régions rentables, création de valeur à long terme) ne sont que la partie visible de l'iceberg, considère la banque qui salue au passage la rapidité avec laquelle le nouveau patron prend les choses en main.

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