Vevey (awp) - Nestlé a raboté ses ambitions de croissance pour l'exercice 2016, au terme de trois premiers partiels ayant débouché sur un chiffre d'affaires cumulé de 65,51 mrd CHF, en hausse organique de 3,3%. Le mastodonte agroalimentaire abandonne par ailleurs son objectif de dégager une croissance organique stable sur un an, soit d'environ 4,2%, pour ambitionner désormais plutôt 3,5%.

La croissance interne réelle (RIG), qui calcule les volumes écoulés, s'est élevée à 2,5%. Le groupe précise être parvenu à augmenter les prix de ses produits, mais de manière modeste.

La copie rendue par la multinationale s'avère inférieure aux prévisions moyennes des analystes consultés par AWP sur toute la ligne. Ceux-ci anticipaient un chiffre d'affaires de 65,96 mrd CHF, une croissance organique de 3,5% et une RIG de 2,6%.

La société veveysanne revendique une croissance organique de 4,8% outre-Atlantique à 18,8 mrd CHF, de 2,1% en zone Europe/Moyen-Orient/Afrique du Nord (EMENA) à 12,2 mrd CHF et de 2,5% à 10,6 mrd CHF en zone Asie/Océanie/Afrique subsaharienne (AOA). La croissance interne réelle s'est élevée sur ces regroupements de débouchés à respectivement 2,3%, 2,4% et 3,0%.

L'EMPIRE DU MILIEU PÈSE

Si la plupart des subdivisions régionales affichent une dynamique positive, l'important marché chinois a subi des adaptations tarifaires et réglementaires. La société Yinlu, dans laquelle Nestlé avait acquis en 2011 une participation de 60%, a dans ce contexte continué à peser sur les résultats. A l'inverse, le sous-continent indien a vu sa contribution progresser, grâce notamment à la récupération de parts de marché pour les nouilles Maggi, frappées l'an dernier par un scandale sanitaire.

Le commerce d'eaux en bouteilles, regroupé au sein de Nestlé Waters, a dégagé des revenus en hausse de 4,2% à 6,13 mrd CHF. Nestlé Nutrition a généré 7,70 mrd CHF, en hausse de 1,3%. Les autres activités du groupe, comprenant l'approvisionnement de professionnels, les capsules et systèmes Nespresso, ainsi que les subdivisions Health Science et Skin Health, ont progressé de 4,6% à 10,14 mrd CHF.

Outre l'objectif de croissance précité, la direction entend toujours améliorer la rentabilité de la société à taux de changes constants et augmenter le rendement du capital. Le directeur financier (CFO) a précisé en conférence de presse que la rentabilité indiquée s'exprimait hors coûts de restructurations. Ces derniers doivent prendre l'ascenseur sur le second semestre de 2016 et s'alourdir encore l'année prochaine, a prévenu François-Xavier Roger.

PETITES ATTENTES, GROSSE DÉCEPTION

Le groupe vaudois a manqué le coche, nonobstant des attentes déjà revues à la baisse, constate Baader Helvea. Le rabotage des objectifs ne constitue pas une véritable surprise, mais ne va pas aider à redorer le cours du titre, poursuit le courtier genevois, qui se demande si la direction n'aurait pas mieux fait de délivrer un avertissement en cours de trimestre déjà. Pour autant, la rentabilité du géant agroalimentaire demeure sur les bons rails, aiguillée en ce sens aussi par les variations monétaires.

Liberum anticipe également une sanction des actionnaires en Bourse jeudi matin et attend l'oral de la direction pour disposer de plus d'informations. Dans l'attente, la recommandation "hold" est maintenue, comme l'objectif de cours à 82,50 CHF.

La contre-performance était à prévoir, après la croissance molle déjà publiée par les concurrents Unilever et Danone, relève pour sa part Vontobel. Le marché jugeait par ailleurs déjà optimistes les ambitions désormais abandonnées. La banque privée attend maintenant du futur directeur général, Ulf Mark Schneider, une prise en main énergique des processus et du portefeuille. Paul Bulcke a précisé à cet égard que le nouveau venu prenait déjà ses marques au sein de l'entreprise depuis quelques semaines.

La modération des ambitions 2016 est perçue comme un signe de "réalisme", surenchérit Natixis. La banque française souligne que la direction jouait sur cet avertissement sur résultats.

La nominative Nestlé a cédé 0,8% à 74,05 CHF, dans un SMI en déclin de 0,30%.

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