Vevey (awp) - Nestlé a affiché l'an dernier une croissance inférieure à ses propres ambitions comme aux projections du marché, tandis que la rentabilité a souffert de facteurs exceptionnels. La direction a par ailleurs affiché jeudi des ambitions jugées modestes pour l'année en cours.

La croissance organique s'est établie à 3,2% en 2016, pour un chiffre d'affaires de 89,47 mrd CHF. La croissance interne réelle (RIG), mesure à l'aune de laquelle la multinationale veveysane apprécie sa propre performance, s'est établie à 2,4%. La marge opérationnelle s'est enrobée de 0,2 point de pourcentage à 15,3%, pour un résultat afférent de 13,69 mrd CHF.

Le bénéfice net s'est tassé de 5,9% à 8,53 mrd CHF, en raison principalement d'un ajustement d'impôts différés, détaille le rapport annuel publié jeudi. Le groupe note que les hausses de tarifs ont été bridées à 0,8%, mais devraient s'avérer plus favorables cette année.

Le conseil d'administration proposera aux actionnaires une rémunération augmentée de 5 centimes en comparaison annuelle, soit 2,30 CHF par action.

"Notre croissance organique 2016 s'est établie dans la fourchette supérieure de l'industrie mais en deçà de nos attentes", reconnaît le nouveau directeur général (CEO) Mark Schneider, cité dans le rapport.

La performance déçoit aussi les projections moyennes des analystes consultés par AWP, qui articulaient un chiffre d'affaires de 89,73 mrd CHF, un résultat opérationnel de 13,74 mrd - soit une marge afférente de 15,4% - ainsi qu'un bénéfice net de 9,33 mrd. La croissance organique était attendue à 3,4% et le dividende à 2,34 CHF par titre.

AMBITIONS MESURÉES

Le nouveau patron de Nestlé, Mark Schneider, a coupé court jeudi aux spéculations autour d'adaptations stratégiques en profondeur, lors de la présentation des résultats 2016 - soit encore sous la houlette de son prédécesseur Paul Bulcke. "Je renonce à revoir la stratégie pour les unités Nutrition, Santé et Bien être", a déclaré le directeur général (CEO) en entame de conférence de bilan.

La direction anticipe pour l'année en cours une croissance organique de 2% à 4%, mais prévient que les coûts de restructuration prendront parallèlement l'ascenseur. La marge opérationnelle risque conséquemment de stagner, mais le bénéfice par action hors effets de change et le rendement du capital doivent progresser. L'enveloppe dévolue aux restructurations en 2017 comprend un demi-milliard de francs suisses.

Les ventes outre-Atlantique (AMS) ont affiché l'an dernier une croissance réelle de 2,0%, à 26,36 mrd CHF. Avec 16,25 mrd CHF de chiffre d'affaires, la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord (Emena) a essuyé une contraction de 0,9%. Sur les autres débouchés du groupe (AOA), les recettes ont enflé de 1,1%.

Sur le segment des boissons, les revenus de Nestlé Waters ont gagné 3,9% à 7,93 mrd CHF. Les recettes de Nestlé Nutrition se sont érodées de 1,3% à 10,33 mrd. Ventes aux professionnels, café en capsules et produits de soins ont généré des recettes pratiquement stables de 14,12 mrd.

La rémunération du directeur général (CEO) de Nestlé, Paul Bulcke, contribution à la caisse de pension et aux assurances sociales comprises, s'est enrobée de 3,6% à 11,21 mio CHF. L'ensemble de l'équipe de direction s'est partagé un total de 49,98 mio, contre 52,44 mio en 2015.

La rétribution du président Peter Brabeck s'est élevée à 5,18 mio CHF, contre 5,73 mio un an plus tôt. L'organe de surveillance dans son ensemble a perçu 9,73 mio, contre 10,58 mio en 2015.

M. Brabeck, atteint par la limite d'âge, doit céder la présidence à M. Bulcke lors de l'assemblée générale du 6 avril. Outre ce changement annoncé de longue date, l'organe de surveillance proposera l'intégration d'Ursula Burns, présidente et ancienne directrice générale de Xerox.

Unanimes pour dénoncer la faiblesse des résultats et des perspectives brossées par la direction, les analystes se montrent plus partagés quant à l'appréciation du titre Nestlé.

Le groupe n'est toujours pas parvenu à délivrer le bol d'air frais espéré, a résumé Baader Helvea. Si la performance du géant agroalimentaire s'inscrit dans le bas des attentes, cette déception doit toutefois être relativisée au vu des résultats obtenus par la concurrence, nuance le courtier genevois.

Bernstein se félicite d'avoir anticipé à la fois des résultats mitigés en fin d'année et des perspectives réservées pour l'année en cours, mais reconnaît avoir quelque peu pêché par manque de pessimisme. Le gestionnaire d'actifs américain relève que les nouvelles ambitions de croissance pourraient bien officiellement enterrer le "modèle Nestlé".

Liberum se montre plus sévère, déplorant une occasion manquée sur le plan des résultats, des prévisions décevantes et toujours aucune remise en question de la stratégie.

A la clôture, la nominative Nestlé a cédé 0,96% à 71,95 CHF. La première valorisation de la place zurichoise entraînait avec elle un SMI en retrait de 0,22%.

jh/al