Hier, l'ancienne chaîne américaine de location de DVD, créée en 1997, a atteint 153 milliards de dollars de capitalisation. Un peu plus que Disney, qui a donc été symboliquement (et momentanément d'ailleurs) détrôné en séance. Il y a quelques semaines, Netflix avait déjà débordé Comcast, qui occupe désormais le troisième rang sectoriel avec une capitalisation de l'ordre de 146 milliards de dollars. Son cours de bourse affiche une pente vertigineuse depuis le début de l'année.

L'entreprise est entrée en bourse en 2002, sur la base de son ancien modèle économique, la livraison à domicile de DVD loués sur abonnement. Avec l'avènement du numérique, elle a poussé son concept jusqu'au bout : apporter du contenu directement sur la télévision du consommateur. Et parce qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, elle s'est lancée depuis 2013 dans la production de contenus.

Des ratios de start-up

Un cocktail qui séduit la bourse et qui illustre une fois de plus l'appétit des investisseurs pour l'innovation. Car si Netflix a le vent en poupe en matière de croissance et de perspectives, sa valorisation est totalement déconnectée des fondamentaux classiques de bas de compte de résultats. Le dossier se paie une bonne centaine de fois les bénéfices attendus en fin d'année, contre à peine plus de 12 fois pour Disney.
 

Netflix, un PER généreux, qui ne s'améliorera que très lentement (source Zonebourse - Thomson Reuters)
 
Mais sa structure financière ne contient pas des centaines de millions de dollars de trésorerie, comme d'autres sociétés californiennes bien connues. Au contraire même, son bilan fait tout sauf rêver. Le tour de force de Netflix, c'est finalement d'avoir réussi à se faire passer pour une société de la net-économie alors qu'elle avait tout, à l'origine, d'un business traditionnel. Ou plutôt à être parvenue à transformer son modèle avec célérité, sous le nez des acteurs historiques du secteur et même des "GAFA". C'est cette agilité qui sous-tend la réussite de la société, et qui explique pourquoi les investisseurs sont prêts à payer aussi cher leur ticket d'entrée.