Au risque de donner le tournis aux investisseurs, la société en grande difficulté a dans un premier temps annoncé un report de quelques heures de la publication de résultats initialement programmée à 03h00 GMT, disant qu'elle n'était pas prête.

Cette première annonce a provoqué un plongeon de 8% de l'action Toshiba à la Bourse de Tokyo, entraînant dans son sillage l'indice Nikkei qui a cédé 1,13%.

Après la clôture de la Bourse, Toshiba a annoncé avoir demandé aux régulateurs de pouvoir repousser d'un mois l'annonce de ses résultats, disant qu'il avait besoin de plus de temps pour passer en revue ses activités nucléaires américaines, regroupées au sein de sa filiale Westinghouse, après l'apparition de possibles nouveaux problèmes.

Quelques heures plus tard, nouveau retournement de situation avec la publication du montant de la charge de la dépréciation, d'une perte de 499,9 milliards de yens sur les neuf premiers mois de l'exercice 2016-2017, clos le 31 mars, et des fonds propres négatifs de 191,2 milliards à fin décembre.

Tous ces chiffres sont cependant sujets à révision puisqu'ils n'ont pas été approuvés par l'auditeur du groupe PricewaterhouseCoopers Aarata, Toshiba ayant obtenu de pouvoir attendre jusqu'au 14 mars avant de publier des comptes dûment audités.

"Les gens commencent maintenant à voir que les problèmes de contrôle internes, les questions comptables et celles de la gouvernance sont biens réels", a déclaré Zuhair Khan, analyste chez Jefferies. "Et ils ont un impact sur la viabilité de l'entreprise."

RÉUNION AVEC LES BANQUES MERCREDI

Après un exercice 2015-2016 marqué par un scandale comptable de quelque 1,3 milliard d'euros, celui en cours est pénalisé par des acquisitions réalisées en 2015 par la filiale nucléaire américaine Westinghouse, des problèmes dont le groupe a fait état fin décembre.

Cela explique la chute de 18,8% du titre depuis le début de l'année, qui vient après un gain de 13,3% en 2016 et un plongeon de 51,2% en 2015, année du scandale comptable. En Bourse, l'entreprise ne vaut plus que 973 milliards de yens alors qu'elle pesait encore quelque 5.000 milliards il y a moins de dix ans.

Pour l'ensemble de l'exercice qui se termine fin mars, Toshiba a dit anticiper une perte nette de l'ordre de 390 milliards de yens, après une perte de 460 milliards en 2015-2016, et une situation de fonds propres négatifs de 150 milliards de yens.

Comme le groupe est placé sous surveillance par la Bourse de Tokyo depuis le scandale comptable, Toshiba ne peut faire appel au marché et doit donc passer par des cessions d'actifs pour redresser son bilan.

Dans son communiqué, Toshiba précise à ce sujet qu'il redoublera d'efforts pour lever des capitaux frais, n'excluant pas la cession d'une part majoritaire dans ses activités puces mémoire alors qu'auparavant il n'était question que d'une vente de 20%.

Toshiba, qui a également annoncé la démission de son président Shigenori Shiga avec effet au 15 février, a aussi dit qu'il se réunirait mercredi avec ses banques.

Shigenori Shiga, qui avait été porté l'an dernier à la présidence du groupe pour tourner la page du scandale comptable, est la première victime de premier plan des difficultés nucléaires.

Toshiba a annoncé qu'il se retirerait de la construction de centrales nucléaires, une decision susceptible de nuire aux projets énergétiques de la Grande-Bretagne et de l'Inde.

Au sujet de Westinghouse, Toshiba a laissé entendre que les contrôles internes à l'entreprise avaient été "insuffisants", ajoutant devoir mener une enquête au sujet d'accusations qui lui ont été rapportées disant que la direction de sa filiale a exercé des pressions irrégulières dans le calcul de l'actif et du passif de l'entreprise au coeur de la dépréciation, rachetée en 2015 à Chicago Bridge & Iron.

A la suite de cette acquisition, Westinghouse, la filiale nucléaire de Toshiba aux Etats-Unis, et Chicago Bridge & Iron ont fait appel à une expertise indépendante pour résoudre un différend sur la valorisation des actifs concernés.

(Avec la contribution de Taiga Uranaka, Taro Fuse, Ayai Tomisawa, Tom Wilson et Naomi Tajitsu à Tokyo, de Jane Chung à Séoul, de Rishika Sadam à Bangalore et d'Umesh Desai à Hong Kong, Nicolas Delame et Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Makiko Yamazaki