Tokyo (awp/afp) - Plusieurs grandes entreprises manufacturières japonaises ont annoncé mercredi des augmentations salariales pour les employés fixes, mais la progression est souvent prudente compte tenu d'incertitudes conjoncturelles mondiales et de réformes qui tardent.

Il est de tradition au Japon de négocier au printemps des hausses de rétribution, et les syndicats cherchent en général à obtenir une hausse des émoluments mensuels de base, de préférence à une amélioration des primes variables.

Cette année, marquée par le débat sur la "réforme de la façon de travailler" lancé par le Premier ministre Shinzo Abe, se posent, outre celle des salaires, la question des durées excessives de labeur et le problème connexe de la productivité des cols blancs, jugée trop faible.

"Coopérons pour réformer le travail", tel est le mot d'ordre du gouvernement qui appelle aussi à hisser les salaires.

Alors que les bénéfices des entreprises de premier rang sont souvent secoués par les variations des monnaies, les incertitudes posées par les changements de gouvernement récents ou à venir dans plusieurs grands pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, etc.) rendent les patrons de groupes exportateurs plus que prudents, notamment face au protectionnisme revendiqué du président américain Donald Trump.

Les constructeurs d'automobiles Toyota, Nissan et Honda, de même que le conglomérat industriel Hitachi ou les groupes d'électronique Panasonic et Mitsubishi Electric ont certes répondu plutôt favorablement aux revendications, mais avec des progressions limitées (10-12 euros mensuels), qui sont parfois inférieures de moitié à ce qu'elles avaient été un an plus tôt et en deçà des attentes syndicales.

Parmi les groupes d'industries lourdes, comme Mitsubishi Heavy Industries (MHI) ou IHI, les salariés n'obtiendront que 1.000 yens (8,20 euros) de plus par mois, au lieu de 4.000 yens souhaités.

La hausse du pouvoir d'achat des salariés (pas seulement ceux des grands groupes et pas seulement les employés fixes à temps plein) est un enjeu jugé majeur dans un pays dont l'activité économique est freinée depuis deux décennies par un phénomène de déflation.

Pour autant, il n'est pas garanti que les augmentations, même couplées à des conditions de crédit extrêmement favorables et même favorisées par un manque de main-d'oeuvre dans plusieurs secteurs, suffisent à convaincre les consommateurs de dépenser davantage. Les ménages sont plutôt enclins à mettre de côté pour préparer un avenir, à tort ou à raison, jugé bien incertain.

Changer l'état d'esprit général est le plus gros défi qu'aient à relever conjointement le gouvernement et la banque centrale, mais en quatre ans leur stratégie "abenomics" n'y est toujours par parvenue. Les réformes structurelles, dont celle du travail, restent insuffisantes, estiment les économistes.

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