(Actualisation: précisions sur les options envisagées, contexte, coût éventuel pour Nissan, cours de Bourse de Nissan, déclarations du porte-parole du gouvernement japonais)

Le constructeur automobile japonais Nissan Motor (>> Nissan Motor Co Ltd) envisage de relever sa participation dans Renault (>> Renault), son partenaire d'alliance, à 25% au moins, contre 15% actuellement, selon une personne proche du dossier, qui a précisé qu'il s'agit d'une option parmi d'autres. Cette initiative pourrait se révéler coûteuse pour Nissan, qui cherche à limiter l'influence de l'Etat français sur Renault.

L'Etat, premier actionnaire de Renault, devrait obtenir des droits de vote doubles en avril, en raison de l'entrée en vigueur de la loi Florange. La participation de 19,7% de l'Etat lui permettra alors de détenir 32,8% des droits de vote du constructeur automobile français.

Nissan a tenu lundi un conseil d'administration extraordinaire afin d'évoquer l'alliance Renault-Nissan et les récentes mesures adoptées par le gouvernement français, ont indiqué des personnes proches du dossier.

Le conseil a évoqué diverses options pour contrer l'Etat français, notamment une augmentation de la participation de Nissan dans Renault à au moins 25%, a indiqué une personne. En vertu de la loi japonaise, cela rendrait nuls les droits de vote de Renault dans Nissan et réduirait donc l'influence de Renault et de l'Etat français sur le constructeur automobile japonais.

Garantir l'indépendance de Nissan

"La position de base de Nissan est qu'il souhaite poursuivre l'alliance avec Renault. Mais pour cela, il est nécessaire que l'indépendance de Nissan soit préservée et garantie, et [que le groupe] ne soit pas dominé par une tierce partie", a expliqué cette personne.

Le conseil d'administration n'a pris aucune décision sur des mesures spécifiques, a-t-elle ajouté.

Il est probable que le gouvernement français s'oppose à une telle mesure. Il a rejeté à de multiples reprises l'idée d'une modification importante du système de participations croisées sur lequel est fondé l'alliance Renault-Nissan. Le groupe français détient 43,4% du capital de Nissan, qui en retour possède une participation de 15% dans Renault.

Une opération coûteuse

Une augmentation de sa participation dans Renault pourrait également coûter cher à Nissan. Une participation supplémentaire d'au moins 10 points de pourcentage dans Renault pourrait valoir au moins 2,8 milliards d'euros, sur la base de la capitalisation boursière actuelle du groupe français.

L'action Nissan a perdu 1,9% mardi à la Bourse de Tokyo.

Une autre option envisagée par le conseil d'administration de Nissan serait de ramener la participation de Renault dans son partenaire japonais à moins de 40% et d'obtenir des droits de vote dans Renault, selon les personnes proches du dossier. Selon les règles françaises en matière de participations croisées, Nissan ne peut détenir de droits de vote dans Renault à moins que ce dernier réduise sa participation dans le groupe japonais en deçà de 40%.

Le porte-parole du gouvernement japonais a déclaré mardi que les parties devraient essayer de trouver un accord par le dialogue. "Le gouvernement japonais offrira son soutien si nécessaire", a déclaré Yoshihide Suga lors d'une conférence de presse.

Nissan et Renault poursuivront leurs discussions avec le gouvernement français, ont souligné des personnes proches du dossier. Renault devrait réunir son conseil d'administration autour du 11 décembre, selon ces personnes.

-Yoko Kubota, The Wall Street Journal

(Jun Hongo a contribué à cet article)

(Version française Valérie Venck) Ed: YMA

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor Co Ltd, Renault