Carlos Ghosn, 62 ans, restera président du conseil d'administration de Nissan mais pourra désormais se consacrer davantage à l'alliance avec Renault , l'actionnaire à 43,4% du constructeur japonais, dont il est également le PDG, à laquelle s'est récemment rajouté Mitsubishi Motors.

Cela fait des années que nombre d'actionnaires de Renault se plaignent de la double casquette de Ghosn, qui avait en outre endossé en décembre une troisième présidence, celle de Mitsubishi Motors, le sixième constructeur automobile japonais désormais contrôlé par Nissan.

Ce changement de gouvernance vise à exploiter au mieux les synergies apportées par la nouvelle alliance avec Mitsubishi face aux pressions croissantes qui s'exercent sur les constructeurs pour monter en puissance et se développer sur de nouveaux marchés tels que les voitures à conduite autonome.

Hiroto Saikawa, 63 ans, actuellement co-directeur général de Nissan après avoir déjà passé 40 ans au sein de l'entreprise, sera seul aux commandes opérationnelles à partir du 1er avril.

"Après avoir récemment endossé de nouvelles responsabilités chez Mitsubishi Motors (...) j'ai décidé que le temps était mûr pour que Hiroto Saikawa me succède en tant que directeur général de Nissan", déclare Carlos Ghosn, cité dans un communiqué.

"En tant que président de Nissan, je continuerai de superviser et de guider l'entreprise (...)", poursuit-il, ajoutant que l'abandon de la direction générale lui laisserait plus de temps pour diriger l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Dans une interview accordé à Reuters à Tokyo, le patron de Renault a précisé que le futur directeur général de Nissan et son équipe seraient "entièrement responsables" de la performance du deuxième constructeur japonais derrière Toyota.

En revanche chez Renault, où il reste directeur général, "il y a encore beaucoup de choses à faire à l'intérieur de la société pour rendre sa croissance pérenne et durable et solide."

Hiroto Saikawa, promu co-directeur général de Nissan en novembre après la prise du contrôle de Mitsubishi, devrait poursuivre l'oeuvre de son prédécesseur, réputé pour ses capacités à mener à bien des réductions de coûts énergiques.

"Le timing a un peu surpris", souligne Takeshi Miyao, directeur général pour l'Asie du cabinet de conseil Carnorama. "Mais il semble que Ghosn ait décidé très rapidement que Saikawa était la bonne personne pour diriger la société."

Nissan est le chaînon le plus solide de l'alliance, surpassant Renault tant en ventes qu'en rentabilité, tandis que Mitsubishi est engagé dans une opération de restructuration après un scandale lié au trucage des données de consommation de certains de ses véhicules.

Avec Mitsubishi, la nouvelle alliance se place parmi les trois premiers constructeurs mondiaux, aux côtés de Toyota Motor et de Volkswagen, avec une production d'environ 10 millions de véhicules par an.

Ce changement de taille permet de dégager d'importantes synergies mais pose aussi le problème de l'équilibre des forces entre les trois constructeurs.

"Ghosn devrait se concentrer sur le renforcement et l'amélioration de la rentabilité de tous les membres de l'alliance pour éviter une dépendance excessive vis-à-vis de Nissan", dit Takeshi Miyao.

"Même si l'alliance produit globalement 10 millions de voitures, si trois millions d'entre elles ne sont pas rentables, ce sera difficile pour l'alliance de continuer à exister."

(Chang-Ran Kim et Naomi Tajitsu à Tokyo et Subrat Patnaik à Bangalore, Benoît Van Overstraeten et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Naomi Tajitsu et Chang-Ran Kim

Valeurs citées dans l'article : Renault, MITSUBISHI MOTORS CORPORATION, Nissan Motor Co Ltd