"Tout ce que je souhaite, c'est que les administrateurs de Renault aient eux aussi accès au dossier complet, aux faits", a dit Hiroto Saikawa dans une interview au journal économique publiée lundi. "Je pense que, lorsque ce sera le cas, ils tireront la même conclusion que nous."

"Nous comprenons que le conseil d'administration de Renault n'a pas eu accès au contenu du dossier lui-même, semble-t-il en vertu de ce principe de présomption d'innocence", a-t-il ajouté. "De nouveau, je reconnais la complète validité de ce principe mais je considère aussi qu'(...) il y a des comportements qui ne sont pas acceptables pour un dirigeant si bien qu'il était de notre devoir de mettre fin à ses fonctions."

Contrairement à Nissan et Mitsubishi, Renault a choisi de maintenir Carlos Ghosn dans ses fonctions de PDG, celui-ci étant "empêché" depuis son arrestation au Japon le 19 novembre sur des accusations de malversations financières chez Nissan, et d'opter pour une direction intérimaire.

Le groupe au losange a indiqué jeudi dernier que son enquête interne n'avait pas découvert de fraude sur les exercices 2017 et 2018, et que la mission se poursuivrait sur les exercices antérieurs.

Une source gouvernementale a indiqué lundi que l'Etat français, principal actionnaire de Renault, changerait d'avis sur le maintien de Carlos Ghosn à la tête du constructeur si celui-ci "est durablement empêché".

L'épouse de Carlos Ghosn, inculpé vendredi dernier de deux chefs d'accusation supplémentaires, a lancé un appel à l'ONG Human Rights Watch (HRW) pour qu'elle se penche sur le cas de son mari en raison du "traitement sévère" qui serait le sien au Japon.

Selon les Echos, le parquet japonais envisage de nouvelles accusations, liées à une rémunération à hauteur de sept millions d'euros par une structure conjointe cette fois à Nissan et Mitsubishi aux Pays-Bas.

Si l'affaire Ghosn a fragilisé le partenariat Renault-Nissan-Mitsubishi, Hiroto Saikawa a qualifié dans l'interview au journal économique l'alliance franco-japonaise de "cruciale", ajoutant que la priorité était de "stabiliser les choses et de travailler en confiance, pas de savoir si Nissan doit pouvoir exercer des droits de votes chez Renault".

Il a également assuré que le fait que l'Etat français soit actionnaire de Renault "ne (pose à Nissan) aucun problème".

L'entretien de Hiroto Saikawa paraît à la veille de l'examen, mardi, par la justice japonaise de la demande de liberté sous caution déposée par les avocats de Carlos Ghosn.

Depuis vendredi, l'ancien président de Nissan doit répondre de deux chefs d'accusation supplémentaires. Il a été inculpé pour abus de confiance aggravé, pour avoir provisoirement fait passer en 2008 dans les comptes du constructeur japonais des pertes sur des investissements personnels, et de minoration de revenus sur la période 2015-2018.

(Gilles Guillaume et Laurence Frost, avec Gwénaëlle Barzic, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)

Valeurs citées dans l'article : Renault, MITSUBISHI MOTORS CORPORATION, Nissan Motor Co Ltd