BERLIN, 21 août (Reuters) - La chancelière allemande Angela Merkel a reproché lundi à son prédécesseur, le social-démocrate Gerhard Schröder, d'avoir accepté un nouveau poste au sein du géant pétrolier russe Rosneft et a assuré qu'elle n'avait pas l'intention d'assumer quelque fonction que ce soit dans l'industrie lorsqu'elle quitterait la scène politique.

La nomination de l'ancien chancelier au conseil d'administration de Rosneft, société soumise à des sanctions occidentales du fait du rôle de Moscou dans le conflit ukrainien, a soulevé un tollé en Allemagne, sur fond de craintes d'une ingérence russe dans les législatives du 24 septembre.

"Je ne trouve pas que ce que fait M. Schröder soit une bonne chose", a estimé Angela Merkel, dans une interview au journal Bild.

"Je n'ai pas l'intention d'accepter quelque fonction que ce soit dans l'industrie lorsque je ne serai plus chancelière(...)", a ajouté la chancelière conservatrice, qui, à 63 ans, brigue un quatrième mandat de quatre ans.

Combatif, Schröder, qui ne fait pas mystère de son amitié pour le président russe Vladimir Poutine, a défendu sa décision de rejoindre Rosneft et a accusé ses adversaires de manoeuvres politiques visant à aider Merkel à obtenir un nouveau mandat.

La semaine dernière, il avait déclaré que ses nouvelles fonctions chez Rosneft ne nuiraient pas à son parti, le SPD, qui accuse un retard d'environ 15 points sur le bloc conservateur CDU/CSU dans l'optique des législatives du 24 septembre.

Schröder est aujourd'hui une personnalité controversée au sein du SPD du fait de ses réformes du marché du travail, et certains membres du parti ont pris leurs distances avec leur ancien chef de file. Certains en Allemagne continuent de se moquer de ses propos de 2005 sur Vladimir Poutine, qu'il avait qualifié de "parfait démocrate".

Ce n'est la première fois que Gerhard Schröder est critiqué pour ses liens avec Moscou. Quelques semaines après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, il avait été pointé du doigt pour avoir donné une franche accolade à Poutine lors de la fête d'anniversaire du dirigeant russe à Saint-Pétersbourg. (Paul Carrel; Eric Faye pour le service français)