Bâle (awp) - Novartis a rassuré les marchés mardi avec ses résultats intermédiaires. Attendu au tournant sur le rétablissement de l'unité ophtalmologique Alcon et l'évolution des ventes de l'Entresto, lancé en 2015 et dont les revenus demeuraient jusqu'ici balbutiants, le mastodonte pharmaceutique revendique des progrès plus marqués qu'attendu dans les deux cas. Principal bémol de la partition, la division génériques Sandoz a essuyé une grosse pression tarifaire aux Etats-Unis.

Le chiffre d'affaires du groupe a accusé un modeste tassement au deuxième trimestre, de 2% en comparaison annuelle à 12,24 mrd USD. Le laboratoire rhénan a toutefois vu son bénéfice net rebondir de 10% à 1,98 mrd.

L'excédent d'exploitation (Ebit) de base s'est contracté de 3% à 3,24 mrd USD, pour une marge afférente en recul de 0,3 point de pourcentage à 26,4%. Le bénéfice par action de base s'est érodé d'un centime à 1,22 USD. Chiffre d'affaires et rentabilité s'inscrivent tous deux dans le haut de la fourchette du consensus AWP.

Innovative Medicines, qui concentre le développement de médicaments originaux traditionnels et oncologiques, a vu ses recettes s'éroder de 1% à 8,28 mrd USD. L'Ebit a nonobstant regagné 11% à 2,08 mrd. Novartis se félicite d'avoir pu compenser en partie l'impact des génériques du Glivec - dont les revenus ont été amputés de près de moitié à quelque 500 mio USD - grâce au produit de ses nouveaux moteurs de ventes.

ENTRESTO COMMENCE À DÉLIVRER

Le Cosentyx a ainsi pratiquement doublé sa monétisation à 490 mio USD et l'Entresto a vu son chiffre d'affaires multiplié par deux et demi à 110 mio. Le directeur général (CEO) Joseph Jimenez a rappelé en téléconférence viser des revenus d'un demi-milliard de dollars avec ce médicament contre l'insuffisance cardiaque sur l'ensemble de l'année.

Tafinlar et Mekinist, prescrits isolément ou en combinaison, ont gagné conjointement 26% à 216 mio. Le Kisqali, homologué mi-mars aux Etats-Unis et en cours d'examen en Europe, a généré 8 mio USD pour ses premiers pas.

Sandoz, orienté vers les médicaments génériques et les biosimilaires, a subi un tassement de 5% de son chiffre d'affaires à 2,45 mrd USD, attribué à une pression tarifaire aux Etats-Unis. Les revenus générés au pays de l'oncle Sam ont fondu de 15%, hors effets de changes. L'Ebit a rétréci de 13% à 330 mio.

M. Jimenez n'a pas caché ses craintes que la pression tarifaire subie par Sandoz perdure encore quelque temps. Les récentes homologations obtenues pour des biosimilaires en Europe ne se traduiront de surcroît pas par un bond soudain des revenus, en raison de la fragmentation du marché, a prévenu le responsable.

RETOUR EN GRÂCE D'ALCON

Alcon, axé désormais sur la chirurgie ophtalmologique et les lentilles de contact, a retrouvé la voie de la croissance, avec 1% à 1,52 mrd USD. La division demeure déficitaire, avec une perte opérationnelle de 19 mio USD. La direction promet toujours de faire un point sur les options envisagées pour l'enfant à problèmes du groupe d'ici la fin de l'année. "Le rétablissement d'Alcon étend nos options quant à l'avenir de cette division" s'est réjoui M. Jimenez.

La multinationale confirme dans les grandes lignes ses ambitions pour 2017, comprenant une stagnation du chiffre d'affaires, hors impact de la concurrence des génériques pour le Glivec et des effets de changes. La direction n'exclut par une modeste croissance d'Innovative Medicines et rehausse marginalement ses prétentions pour Alcon, dont les revenus doivent progresser de 1 à 5%.

L'Ebit de base doit également afficher une stabilité, voire décroître de quelque points de pourcentage. Les variations monétaires risquent d'handicaper les revenus d'un point de pourcentage et la rentabilité de deux points.

Sur le plan stratégique, la direction a maintenu que l'importante participation dans le concurrent Roche conservait encore tout son intérêt. L'enveloppe dédiée aux acquisitions complémentaires contient 2 à 5 mrd USD.

Les analystes ont salué les progrès réalisés avec la réorientation d'Alcon comme avec les ventes de l'Entresto, mais se sont montrés plus dubitatifs quant à la situation de Sandoz.

Sandoz vient "gâcher la fête", a déploré ainsi Baader Helvea. Le courtier genevois estime néanmoins que le lancement prochain de biosimilaires des deux côtés de l'Atlantique parviendra à contrebalancer l'érosion des ventes de génériques.

Novartis n'a pas réservé de surprise sur le front des produits en développement, note pour sa part Deutsche Bank. L'établissement allemand interprète le phrasé entourant l'étude Cantos sur le traitement cardiaque expérimental canakinumab comme un potentiel avant-goût d'avertissement sur résultats moins prometteurs qu'initialement envisagé.

A 15h19, la nominative Novartis s'enrobait encore de 0,8% à 80,75 CHF, à contre-courant d'un SMI en baisse de 0,44%.

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