Athènes (awp/afp) - Le parquet grec a lancé des poursuites pour corruption contre un dirigeant en Grèce du géant pharmaceutique suisse, Novartis, et demandé au Parlement d'éclaircir le rôle d'anciens ministres dans ce dossier de pots de vins présumés, a indiqué lundi une source judiciaire.

Le parquet anti-corruption a également interdit de sortie de territoire le cadre de Novartis mis en cause, dont l'identité n'a pas été précisée, selon la même source.

Les magistrats anti-corruption ont demandé que le dossier des pots de vins qui auraient été versés par le groupe soit transmis au Parlement, au vu de l'implication présumée de deux ex-Premiers ministres et huit ex-ministres, en fonction entre 2006 et début 2015, avant l'arrivée au pouvoir de l'actuel gouvernement de gauche, a ajouté la même source.

La branche grecque de Novartis a indiqué dans un communiqué avoir "pris connaissance des articles sur (ses) activités entrepreneuriales en Grèce". "Nous continuons à coopérer avec les autorités grecques et à l'étranger et ne pouvons pas commenter davantage actuellement", a-t-elle ajouté.

Le ministre d'État et porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos, s'était plus tôt dans la journée rendu au parquet pour "être informé de l'affaire", a indiqué son bureau.

Le ministre de la Justice, Stavros Kontonis, avait estimé en avril que le groupe suisse, qui fait l'objet d'une enquête depuis 2016 à Athènes, avait probablement soudoyé "des milliers" de médecins et fonctionnaires pour promouvoir ses produits en Grèce.

Dans le cadre de cette affaire, d'autant plus sensible que la santé publique en Grèce a été fragilisée par neuf ans d'austérité, les magistrats anti-corruption ont notamment perquisitionné début 2017 les locaux de Novartis près d'Athènes.

Un des responsables du groupe en Grèce, qui avait été interrogé dans le cadre de cette enquête, a tenté de se suicider à Athènes le 1er janvier 2017.

Le groupe avait à l'époque assuré "prendre très au sérieux toutes les allégations de mauvaises pratiques".

Novartis a fait l'objet fin 2016 d'une amende de 390 millions de dollars (366 millions d'euros) aux Etats-Unis, pour avoir incité des chaînes de pharmacie à recommander ses médicaments plutôt que d'autres aux patients.

En mars 2017, Novartis a également payé 25 millions de dollars (22,4 million d'euros) dans le cadre d'une affaire de corruption impliquant sa filiale chinoise.

afp/rp