Bâle (awp) - Novartis revendique le franchissement d'un jalon important en étude clinique de phase III avec son médicament cardiaque expérimental d'appoint ACZ885 (canakinumab). La substance - combinée aux standards thérapeutiques actuels - a atteint son critère primaire d'évaluation en réduisant le risque de récidive ou de complication chez les patients ayant déjà subi une crise cardiaque et souffrant d'artériosclérose inflammatoire, assure le communiqué du laboratoire bâlois jeudi.

Les résultats détaillés de l'étude Cantos seront dévoilés ultérieurement cette année, mais le mastodonte pharmaceutique entend d'ores et déjà prendre langue avec les régulateurs autour de ce nouvel anticorps monoclonal humanisé, inhibiteur de cytokine IL 1b.

Les analystes saluent un succès inespéré, même si certains déplorent l'absence d'indication quant à l'ampleur de l'avantage clinique observé. Le traitement disposerait de l'avis général du potentiel nécessaire pour générer des revenus annuels de plus de 1 mrd USD, qui le feraient entrer dans la catégorie des moteurs de ventes.

Baader Helvea évoque une "bonne surprise", susceptible de redonner confiance dans le titre Novartis. Le courtier genevois rappelle que les approches anti-inflammatoires pour réduire les risques chez les personnes ayant subi une crise cardiaque demeuraient jusqu'ici négligées au profit de stratégies visant à limiter le taux de cholestérol et envisage désormais un retournement de paradigme.

L'étude Cantos constituait un risque important pour le groupe pharmaceutique bâlois, qui ne pouvait s'appuyer sur aucun résultat de phase II, note Jefferies. Une confirmation du succès en phase III pourrait faire enfler le bénéfice par action et la valorisation de Novartis de 3 à 5%, articule la banque d'affaires américaine.

"TOUR DE MAGIE"

"Novartis a sorti un nouveau lapin de son chapeau", illustre pour sa part Bernstein. L'établissement new-yorkais trace un parallèle avec l'incrédulité des analystes en 2014 avant la publication des résultats positifs pour l'Entresto, désormais homologué. L'ACZ885 est lui aussi déjà autorisé, sous la marque Ilaris, mais pour une série d'indications secondaires, rappelle la banque d'affaires.

Vontobel misait à deux contre un sur un échec de l'étude Cantos et inverse désormais ces probabilités. La banque privée devise le potentiel de ventes de l'ACZ885 en cas de commercialisation effective à 2 mrd USD.

UBS souligne que le mastodonte pharmaceutique ne délivre aucune indication regardant l'ampleur de la réduction des incidents cardiovasculaires majeurs et rappelle que l'avantage clinique de la substance doit atteindre au moins 10% pour susciter un quelconque intérêt de la part des cardiologues.

Chaque milliard de dollars de revenus supplémentaires dans la franchise cardiaque pourrait améliorer l'excédent d'exploitation (Ebit) de Novartis de 4 à 5%, calcule la banque aux trois clés, évoquant l'infrastructure existante autour de l'Entresto.

Plus critique, Natixis juge suspect le vocabulaire employé par Novartis et plafonne ses projections de revenus annuels pour ce médicament entre 500 et 800 mio USD. Un avantage clinique moyen voire médiocre risque de faire chuter le prix de commercialisation, prévient la banque hexagonale.

Les détenteurs de capitaux semblaient faire fi de ces doutes et propulsaient le titre en tête des valeurs vedettes de la place zurichoise jeudi matin. La nominative Novartis engrangeait ainsi à 09h55 2,8% à 82,05 CHF, alors que le SMI prenait 0,41%.

jh/fr/ol