Zurich (awp) - L'année 2016 a constitué une bonne cuvée pour l'industrie pharmaceutique en termes de rentabilité et de lancements de produits, selon une analyse de la représentation helvétique du britannique Ernst and Young (EY) publiée lundi. Le cabinet d'audit et de conseil s'inquiète en revanche du ralentissement de la croissance des recettes ainsi que des dépenses de recherche et développement des mastodontes du secteur.

La performance financière des 21 plus grandes sociétés pharmaceutiques de la planète s'est encore améliorée de 6,3% l'an dernier, pour un excédent d'exploitation (Ebit) de 156,7 mrd EUR. La marge afférente s'est établie à 27,0%. Deux sociétés américaines devancent largement leurs concurrentes en matière de rentabilité.

Gilead a ainsi dégagé une marge Ebit de près de 60%, après 68% en 2015. Biogen a progressé de près de 4 points de pourcentage à 50%. Le danois Novo Nordisk complète le podium avec 44%. Les représentants helvétiques Roche et Novartis affichent des marges respectives de 31% et 19%, se classant en sixième et en quatorzième positions.

Dans la courses aux revenus, Roche conserve sa place de dauphin de Pfizer, tandis que Novartis cède la quatrième place à Johnson and Johnson. Les principaux colosses pharmaceutiques ont engrangé l'équivalent de 445,4 mrd EUR de chiffre d'affaires, soit 3,1% de plus qu'en 2015. EY souligne néanmoins que cette croissance a été rabotée de 1,5 point de pourcentage sur un an.

Le ralentissement des dépenses de recherche et de développement (R&D) est plus marqué encore, avec une hausse de 3,9% en 2016 contre 8,6% un an plus tôt pour un montant total de 80,7 mrd EUR. Les colosses rhénans Roche (+3,4%) et Novartis (-5,8%) conservent leur domination en la matière, avec des investissements de 7,9 et 6,4 mrd EUR.

Sur les 4606 produits ayant atteint le stade clinique l'an dernier, 39% ou 1776 concernaient des traitements potentiels contre le cancer. Le segment oncologique représente déjà 29% du chiffre d'affaires des géants du secteur, soit près de 130 mrd EUR, après avoir bondi de 10% sur les deux dernières années. Roche conserve une domination incontestée avec plus 30% de parts de marché, alors que Novartis dispose de 12%.

EY juge néanmoins le rendement des incubateurs de produits insuffisant pour assurer à la branche une croissance digne de ce nom, énumérant les tracasseries réglementaires et les difficultés à fixer les prix ou obtenir le remboursement par les caisses maladies comme autant d'obstables à une croissance rentable.

Le cabinet calcule qu'il faudrait à la branche un chiffre d'affaires additionnel de 100 mrd USD pour s'aligner sur l'évolution des autres industries et évoque une pression salutaire pour le marché des fusions-acquisitions. Le montant de ces rapprochements n'a eu de cesse d'enfler ces dernières années, atteignant en 2016 la somme de 258 mrd USD, après 230 mrd en 2016 et 227 mrd en 2014.

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