Bâle (awp) - Novartis a comme attendu accusé une légère érosion de son chiffre d'affaires au premier trimestre 2017, sur une base de comparaison qualifiée d'élevée par les analystes. La perte de brevet pour le Glivec a bel et bien pesé sur les ventes, mais de nouveaux moteurs de croissance ont permis d'en limiter l'impact, se félicite le laboratoire rhénan.

Le mastodonte pharmaceutique a en revanche agréablement surpris sur le front de la rentabilité nette, hors exceptionnels. La direction reconduit par ailleurs ses ambitions d'ensemble pour l'année 2017, mais ajuste ses projections par division.

Les revenus se sont érodés de 1% à 11,54 mrd USD, mais auraient progressé de 2% hors effets de change, détaille le compte-rendu publié lundi. L'ancienne division Pharma, désormais baptisée Innovative Medicines, a généré à elle seule des recettes quasiment stables de 7,70 mrd USD.

L'unité dédiée aux génériques Sandoz a contribué à hauteur de 2,43 mrd (-1%) et la filiale ophtalmologique Alcon à hauteur de 1,42 mrd USD (-1% également). Cette dernière accuse par ailleurs une perte opérationnelle de 43 mio USD, contre un gain de 31 mio USD douze mois plus tôt.

ENTRESTO ET ALCON PÈSENT TOUJOURS

L'excédent d'exploitation (Ebit) a chuté de 22% à 1,92 mrd CHF et le bénéfice net de 17% à 1,67 mrd USD. Apuré de tout élément jugé exceptionnel par l'entreprise, l'Ebit de base a reculé de 8% à 3,01 mrd USD et le bénéfice afférent de 4% à 2,69 mrd USD.

La contraction de la rentabilité est notamment attribuée aux efforts promotionnels pour le médicament pour le coeur Entresto, qui connaît des débuts difficiles, ainsi qu'aux dépenses d'assainissement pour Alcon, dont l'avenir au sein du groupe doit être décidé en fin d'année.

Le nouvel échec en étude clinique de phase III sur le traitement expérimental RLX030 (serelaxin), destiné à combattre l'insuffisance cardiaque sévère, a pesé à hauteur de quelque 200 mio USD sur le bénéfice net.

En termes de vente, Entresto semble prendre enfin de la vitesse avec un produit de 84 mio USD contre encore 17 mio sur le premier partiel de l'an dernier. Cosentyx a plus que doublé sa contribution à 410 mio USD.

L'exécutif anticipe pour l'ensemble de l'exercice en cours une évolution latérale de ses revenus, hors impact de la concurrence des génériques du Glivec. L'Ebit de base risque aussi de faire du surplace, voire de reculer marginalement. Les effets de changes anticipés risquent de grever le chiffre d'affaires de 2 points de pourcentage et l'Ebit de base de 3 points. Le handicap lié aux génériques, précédemment chiffrés à 2,5 mrd USD, a disparu des perspectives.

Par division, les revenus de Innovative Medicines (anciennement Pharma) doivent rester stables, mais Novartis n'exclut plus une modeste hausse. Ceux d'Alcon risquent toujours de stagner ou au mieux de grappiller quelques points de pourcentage. L'évolution attendue du produit des génériques concoctés par Sandoz a été ramenée à plat.

À L'AFFUT DU PETIT GIBIER

L'appétit pour de nouvelles acquisitions demeure intact, mais Novartis fait face à une pénurie de cibles d'envergure. Le laboratoire rhénan se concentre donc sur des valorisations entre 2 et 5 mrd USD, complémentaires à son portefeuille existant, a indiqué son directeur général (CEO) Joseph Jimenez dans un entretien à AWP.

Le grand patron a souligné que les entreprises estimées dans une fourchette de 20 à 30 mrd USD étaient devenues bien plus onéreuses que par le passé, sous l'effet notamment d'une consolidation déjà bien avancée. Une telle acquisition, bien qu'elle ne soit pas exclue, devrait s'imposer d'emblée comme bénéfique à la fois pour les actionnaires et pour l'entreprise avant d'être envisagée.

Le timonier a par ailleurs reconnu un certain retard de Novartis sur la concurrence en matière d'immuno-oncologie, qui risque de contraindre la société à débourser des montants élevés pour se rattraper au moyen d'acquisitions. M. Jimenez a parallèlement souligné le potentiel de l'incubateur maison en la matière, notamment dans le domaine des thérapies cellulaires.

Les analystes accueillent de manière unanime une performance sans surprises majeures. La filiale Sandoz concentre toutes les critiques, désignée comme la principale responsable du niveau décevant du chiffre d'affaires. Considérée depuis quelques trimestres comme l'enfant à problème de Novartis, Alcon à l'inverse fait mieux de prévu.

Après avoir caracolé jusqu'au-delà de 76 CHF, la nominative Novartis a calmé quelque peu ses ardeurs sur la fin de la séance, pour clôturer en hausse de 2,1% à 75,70 CHF, dans un SMI en verve de 0,73%.

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