Bâle (awp) - Novartis a essuyé l'an dernier une érosion de ses ventes comme de sa rentabilité. La direction se donne jusqu'à la fin de l'année pour décider de l'avenir de son unité ophtalmologique Alcon, en difficultés chroniques et désormais déficitaire. Dividende quelque peu relevé et programme de rachat d'actions doivent permettre aux actionnaires de prendre leur mal en patience.

Les options envisagées pour Alcon embrassent le maintien de ces activités au sein du groupe comme une cession pure et simple, en passant par une introduction en Bourse. La décision visera dans tous les cas à maximiser la valeur actionnariale de ces activités, assure le compte-rendu annuel mercredi.

Le laboratoire bâlois rappelle avoir déjà transféré l'an dernier les produits ophtalmologiques d'Alcon au sein de son unité "Innovative Medicines". Ceux-ci ne seront conséquemment pas concernés par les futures décisions. Alcon se concentre désormais sur les activités chirurgicales, les lentilles de contact et leurs produits d'entretien.

RECETTES STABLES HORS EFFETS DE CHANGES

Sur le front opérationnel, le chiffre d'affaires s'est tassé de 2% à 48,52 mrd USD l'an dernier, tandis que le bénéfice net s'est affaissé de 5% à 6,70 mrd USD. A taux de changes constants (tcc), les ventes sont restées stables. L'évolution des revenus au dernier trimestre est semblable à celle sur un an, mais la rentabilité a souffert de manière plus marquée.

L'excédent d'exploitation (Ebit) annuel a fondu de 8% à 8,27 mrd USD, en raison notamment d'un ralentissement de 13% sur le seul dernier partiel. L'Ebit de base - hors amortissements sur actifs intangibles, charges de dépréciation, frais d'acquisition et d'intégration ou tout élément jugé exceptionnel de plus de 25 mio USD - a reculé de 6% à 12,99 mrd USD. Le bénéfice net de base a suivi la même courbe pour s'établir à 11,31 mrd USD.

La rémunération proposée aux actionnaires sera augmentée de 2% à 2,75 CHF par action et un programme de rachat d'actions portant sur un maximum de 5 mrd USD sera lancé. Le financement doit être assuré par un nouvel emprunt.

La performance s'inscrit dans le bas de la fourchette des prévisions établies par les analystes consultés par AWP. Ceux-ci misaient en moyenne sur un chiffre d'affaires de 48,71 mrd USD, un Ebit de base de 13,03 mrd USD et un bénéfice net de base de 11,36 mrd USD.

GÉNÉRATION DE REVENUS EN MUTATION

Les activités pharmaceutiques traditionnelles, désormais regroupées sous la bannière "Innovative Medicines" ont vu leurs recettes reculer de 2% (stables tcc) à 32,6 mrd USD. La hausse de 7% des volumes écoulés a été effacée par la concurrence des génériques (-6%) et les pressions tarifaires (-1%).

Le mastodonte pharmaceutique se félicite d'être parvenu à compenser la chute de près d'un tiers des recettes de l'anticancéreux Gleevec grâce à l'essor d'une nouvelle génération de produits. Le moteur de ventes vieillissant, sur lequel Novartis a perdu l'exclusivité, a généré 3,32 mrd USD.

A l'inverse, le Cosentyx (psoriasis) a atteint le statut de médicament phare, en franchissant le cap du milliard de dollars. Entresto, contre les défaillances cardiaques, a n'a pas atteint les 200 mio articulés par la direction, échouant à 170 mio USD.

Sandoz, dédié aux génériques, a amélioré sa contribution de 1% (+2% tcc) à 10,1 mrd USD, profitant des lancements en 2015 aux Etats-Unis de Glatopa (sclérose en plaques) et du stimulateur de globules blancs Zarxio.

Les revenus d'Alcon se sont tassés autant en termes réels (-3%) qu'à taux de changes constants (-2%) pour s'établir à 5,8 mrd USD. La division accuse une perte opérationnelle de 132 mio USD, contre un excédent de 281 mio en 2015.

PAS D'EMBELLIE DANS L'IMMÉDIAT

La direction anticipe pour 2017 une évolution latérale de ses revenus et devise l'impact de la concurrence des génériques à 2,5 mrd USD. L'Ebit de base risque aussi de faire du surplace, voire de reculer marginalement.

La rémunération totale du directeur général de Novartis Joseph Jimenez a progressé à 12,0 mio CHF, contre 11,6 mio CHF. Entré en fonction en février, le patron d'Alcon, Michael Ball arrive en deuxième position avec 8,7 mio USD. David Epstein, qui s'en est allé en juin, a perçu 8,3 mio USD sur six mois. Le président Jörg Reinhardt s'est vu attribuer 3,8 mio CHF, comme l'an dernier.

Les analystes souligne que si la performance d'ensemble correspond peu ou prou à leurs attentes, celles d'Alcon au niveau des divisions ou de Entresto au niveau des produits douchent des projections déjà modestes. Le traitement contre les défaillances cardiaque manque une nouvelle fois le coche.

A l'inverse, le Gleevec conserve une résistance insoupçonnée, en dépit de la perte de son brevet. Le programme de rachat d'actions, largement anticipé, ne constitue par ailleurs pas une surprise.

A 11h00, la nominative Novartis s'adjugeait 2,1% à 71,00 CHF, dans un SPI en hausse de 1,1%.

jh/rp