L'agence d'évaluation financière Moody's Investors Service a dégradé lundi la note de crédit CFR ("corporate family rating") de l'opérateur de télécommunications Numericable-SFR (>> Numericable Group) de "Ba3" à "B1", assortie d'une perspective stable et accordé une note "B1" assortie d'une perspective négative à sa maison-mère, Altice Luxembourg.

Altice Luxembourg est la holding qui, à l'intérieur du groupe Altice NV (>> ALTICE), possède directement ou indirectement ses participations dans Altice International et Numericable-SFR. La note CFR d'Altice International a pour sa part été maintenue à "B1", avec une perspective négative.

"Moody's estime qu'Altice a et continuera à employer la capacité d'endettement de Numericable-SFR pour financer des opérations comme la distribution de dividende et, à terme, le retour vers des opérations de fusions et acquisitions", a souligné l'agence dans un communiqué, pour justifier sa décision. "La notation anticipe le fait que le profil financier (de Numericable-SFR) finira par être davantage aligné sur celui de l'ensemble du groupe", a ajouté Moody's.

Moody's juge qu'il "devient de plus en plus probable qu'à moyen long-terme, Altice Luxembourg veuille prendre le contrôle intégral de Numericable-SFR". Alors qu'Altice Luxembourg détient actuellement 78,5% de l'opérateur de télécommunications français, un tel renforcement pourrait obliger Numericable-SFR à s'endetter davantage, estime Moody's.

Moody's a précisé avoir pris ses décisions sur les différentes notes d'Altice (Luxembourg, International) car l'agence s'attend à ce qu'au cours des prochaines années, le groupe s'attelle à réaliser des économies dans les entreprises qu'il a achetées tout en modérant son endettement financier, a indiqué Christian Rauch, analyste chez Moody's.

L'agence annonce ses notations alors que les investisseurs se sont récemment inquiétés de l'endettement du groupe dirigé par Patrick Drahi, qui a pris de l'ampleur à mesure que celui-ci a réalisé des acquisitions. Celui-ci a été l'un des acteurs du câble et des télécommunications les plus actifs lors des deux dernières années, s'emparant notamment de l'opérateur mobile SFR en octobre 2014 et de l'opérateur portugais Portugal Telecom avant de réaliser sa première incursion sur le sol américain en début d'année avec le rachat du câblo-opérateur Suddenlink.

Jeudi dernier, une augmentation de capital lancée par Altice pour financer l'acquisition du câblo-opérateur américain Cablevision (>> Cablevision Systems Corporation) lui a rapporté 1,61 milliard d'euros, alors que le groupe avait déclaré vouloir lever 1,8 milliard d'euros. Altice a de plus finalisé jeudi l'émission de 8,6 milliards de dollars de dette pour financer son acquisition outre-Atlantique, conformément aux chiffres fournis à l'annonce du projet le 17 septembre. Mais avec un taux moyen de 7,6% et une échéance moyenne de plus de 7,9 ans, le coût de cette dette s'est révélé supérieur à la moyenne du groupe (6,2% et 6,6 ans, respectivement).

Le fort désendettement "de nos opérations européennes au cours des 12 à 18 prochains mois renforcera davantage nos paramètres de crédit", a commenté Altice dans un communiqué après que Moody's a publié ses notes.

-Eric Chalmet, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 65; eric.chalmet@wsj.com