Zurich (awp/afp) - La Banque des règlements internationaux (BRI), considérée comme la banque centrale des banques centrales, met en évidence, dans son rapport trimestriel publié dimanche, des "fragilités" sur les marchés financiers qui nécessitent une "attention particulière".

Au trimestre précédent, les marchés financiers avaient été tiraillés entre deux forces avec, d'un côté, les tensions commerciales qui les entraînaient à la baisse et, de l'autre, l'assouplissement des politiques monétaires qui les orientait à la hausse, a retracé l'institution sise à Bâle dans son rapport.

Depuis, les flux et reflux des tensions commerciales ont continué de dominer leur évolution, la relative détente mi-octobre ouvrant une nouvelle phase d'appétit pour les placements risqués.

Les prix des actions ont augmenté, l'indice VIX, qui mesure l'aversion pour le risque, a touché de nouveaux points bas, et les écarts de rendement sur les obligations d'entreprise se sont resserrés.

Ce retour de l'appétit pour le risque, associé à la souplesse des conditions financières, a toutefois suscité "des interrogations quant à la durabilité des valorisations des actifs risqués", a observé Claudio Borio, chef du département monétaire et économique, dans la présentation du rapport.

"Juger de ce type de question est très difficile", a-t-il estimé.

Estimer les actions américaines, par exemple, s'avère complexe. Evaluées de manière isolée par rapport au rendement des bénéfices, elles semblent chères d'un point de vue historique. A l'aulne du rendement inhabituellement faible des obligations, elles paraissent par contre "à peu près en ligne", mais semblent à nouveau "onéreuses" une fois passées au crible d'autres critères, a-t-il expliqué.

Si différents segments des marchés financiers ont donné des signes "manifestes" de prise de risque, notamment sur les obligations, un autre pan moins en vue mais "essentiel" du système financier, à savoir le marché de la pension livrée (repo), sur lequel les banques se financent quotidiennement, a également connu des perturbations difficiles à décrypter.

"Valorisations plutôt tendues, forte prise de risque et évolutions difficiles à interpréter dans le système financier: cette combinaison signale certaines fragilités sur les marchés, qui méritent une attention particulière de la part des intervenants comme des banques centrales", a-t-il mis en garde.

Chaque trimestre, la BRI passe en revue les grandes évolutions des marchés financiers et examine les grandes tendances dans les politiques monétaires. De publication en publication, son chef économiste a régulièrement appelé à mettre en place des réformes et à réduire la charge qui pèse sur les banques centrales, fortement mises à contribution pour soutenir l'économie depuis la crise financière de 2007-2008.

afp/rp