Londres (awp/afp) - L'or a continué à progresser cette semaine avec un nouveau sommet mercredi, profitant d'un regain d'aversion au risque sur les marchés alors que le spectre des répercussions économiques du Brexit a fait son retour sur le devant de la scène.

L'once de métal jaune a grimpé mercredi jusqu'à 1.375,45 dollars, son niveau le plus élevé depuis le 17 mars 2014, dépassant ainsi son précédent plus haut enregistré le 24 juin dans le sillage du vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne (UE).

L'or a notamment été stimulé par un environnement de marché caractérisé par une recherche de sécurité, qui a aussi bénéficié aux obligations d'État, alors que les craintes sur les conséquences économiques du "Brexit" (pour "British Exit") ont refait surface.

La demande pour l'or en tant qu'investissement "est extraordinairement forte", a souligné Commerzbank dans une note. Ses experts ne voyaient aucune raison pour que cette tendance s'inverse à l'heure actuelle alors que le métal jaune est prisé pour son statut de valeur refuge.

Le métal jaune a notamment pu trouver du soutien dans une hausse continue depuis dix jours des flux entrants dans les ETF (fonds d'investissements adossés à des stocks physiques d'or, NDLR). Les montants totaux investis dans ces fonds représentent les sixièmes plus importantes réserves d'or au monde, derrière celles des États-Unis, de l'Allemagne, du Fonds monétaire international (FMI), de la France et de l'Italie, ont précisé les experts de Commerzbank.

"Il est clair que les marchés vont continuer à être préoccupés par le Brexit pendant un certain temps, ce qui signifie que l'incertitude parmi les investisseurs devrait rester élevée", encourageant les achats d'or, ont-ils estimé.

Le métal jaune a toutefois marqué un temps d'arrêt jeudi, temporisant sur fond de prises de bénéfices et après des estimations favorables du groupe ADP sur les embauches dans le secteur privé en juin aux États-Unis.

La légère perte de vigueur de l'or jeudi, due essentiellement à des prises de bénéfices, "a probablement constitué un mouvement sain pour le marché, car les positions acheteuses étaient trop nombreuses" et les cours commençaient à s'essouffler à leurs sommets, a commenté David Govett, qui dirige le département métaux précieux du courtier Marex Spectron.

En outre, les données ADP favorables "ont accru les espoirs de voir la Réserve fédérale américaine (Fed) agir en 2016", autrement dit procéder à un nouveau relèvement de ses taux d'intérêt, ce qui rendrait le dollar plus rémunérateur et donc plus attractif mais pèserait à l'inverse sur les achats d'or, libellés dans cette devise.

Une hypothèse qu'est venu conforter vendredi le rapport mensuel officiel sur l'emploi américain, qui a vu les créations d'emplois aux États-Unis rebondir de façon spectaculaire en juin, et dépasser largement les prévisions.

Si l'or a connu un petit accès de faiblesse dans le sillage de cette annonce, qui a entraîné un renforcement du billet vert, le métal jaune a toutefois rapidement limité ses pertes, s'affichant en hausse sur la semaine.

Car même si la banque centrale américaine a indiqué que la trajectoire de ses taux d'intérêt dépendait des indicateurs, certains analystes jugeaient difficile d'imaginer que le marché du travail se reprenne suffisamment pour remettre un resserrement monétaire sur la table à court terme, surtout étant donné les risques pour l'économie mondiale impliquées par le Brexit.

Dissociant pour une fois sa trajectoire de celle de l'or, dont il est considéré comme une alternative bon marché, l'argent a lâché du lest cette semaine, après avoir très nettement rebondi lundi.

L'once de métal gris est en effet montée en début de semaine jusqu'à 21,14 dollars, un maximum depuis le 18 juillet 2014.

"L'argent a bondi de près de 19% à son apogée (lundi) par rapport au début de la semaine précédente sans qu'il n'y eu de nouvelles pour justifier une telle hausse prononcée des prix", ont noté les analystes de Commerzbank, attribuant cette progression essentiellement à des achats d'investisseurs spéculatifs.

Aussi ont-ils jugé que le potentiel de correction de l'argent était désormais considérable.

De leur côté, les métaux platinoïdes ont évolué diversement: si la platine a continué à nettement progresser, dans le sillage de l'or, le palladium, dont l'utilisation industrielle est plus marquée et qui en général est donc également influencé par la trajectoire des métaux de base, a consolidé ses gains.

L'once de palladium a grimpé lundi jusqu'à 616,85 dollars, un maximum en deux mois, tandis que l'once de platine a atteint jeudi 1.092,40 dollars, au plus haut en plus d'un an.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.354,25 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.340 dollars le vendredi précédent.

L'once d'argent a clôturé à 19,72 dollars, contre 19,24 dollars il y a sept jours.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1.082 dollars, contre 1.039 dollars sept jours plus tôt.

L'once de palladium a terminé pour sa part à 606 dollars, contre 598 dollars à la fin de la semaine précédente.

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