Londres (awp/afp) - La demande mondiale d'or a bondi de 21% au premier trimestre 2016, s'affichant à un niveau quasiment record grâce à l'intérêt accru des investisseurs financiers dans un contexte d'incertitude économique croissante, selon un rapport du Conseil mondial de l'or (CMO) publié jeudi.

"Deux grands thèmes ont émergé au cours du premier trimestre 2016", a résumé Alistair Hewitt, analyste en chef au CMO, citant le secteur de l'investissement comme principal moteur de la demande d'or et le fait qu'à l'inverse, "la demande de bijoux a subi un trimestre difficile", surtout en Inde et en Chine.

De janvier à mars 2016, la demande mondiale de métal jaune est ainsi ressortie à 1.290 tonnes, contre 1.070 tonnes au premier trimestre 2015, a indiqué le CMO, une fédération qui réunit les grands producteurs d'or de la planète.

Cette forte hausse, qui fait du premier trimestre 2016 le second plus important jamais enregistré pour la demande mondiale d'or en termes de volume, "a été portée par d'énormes flux entrants d'ETF (fonds d'investissements adossés à des stocks physiques d'or, ndlr), alimentés par les inquiétudes des investisseurs concernant la fragilité de l'économie et un paysage financier incertain", précise le communiqué du CMO.

Ces flux entrants d'ETF se sont en effet établis à 364 tonnes sur les trois premiers mois de l'année - au plus haut depuis le premier trimestre 2009 -, contre 26 tonnes à la même période l'an passé.

Le métal jaune, estime le CMO, a trouvé grâce aux yeux des investisseurs cherchant à diversifier leurs prises de risques dans un environnement marqué par des taux d'intérêt négatifs en Europe et au Japon, l'incertitude entourant la santé de l'économie chinoise, l'anticipation de hausses de taux moins rapides qu'attendu aux États-Unis et des marchés boursiers mondiaux dans la tourmente.

Dans un environnement de taux négatifs, "ceux qui ce reposent sur les obligations souveraines pour obtenir des revenus sûrs, stables et fixes devraient revoir" leurs positions, a expliqué à l'AFP John Mulligan, responsable des relations avec les membres et les investisseurs pour le Conseil mondial de l'or.

"Au lieu de générer un revenu fixe, (votre obligation) génère une perte fixe, vous êtes sûrs de perdre de l'argent en le possédant", c'est pourquoi les investisseurs privés se tournent vers l'or dont il a été prouvé qu'il "améliore le profil risque/rendement d'un portefeuille d'actifs", a détaillé M. Mulligan.

Ainsi, avec une demande de pièces et lingots d'or restée quasiment stable sur un an (à 253,9 tonnes contre 252,2 tonnes), la demande mondiale d'or en tant qu'investissement dans son ensemble a progressé de 122% sur un an.

Elle est en effet passée de 278 tonnes au premier trimestre 2015 à 618 tonnes au premier trimestre 2016, ce qui a permis au cours du métal jaune de gagner quelque 17% en dollars sur les trois premiers mois de l'année.

Mais en dehors du secteur de l'investissement, l'intérêt pour le métal jaune a souffert au premier trimestre, en particulier dans le domaine de la joaillerie, qui est pourtant traditionnellement une importante source de croissance de la demande.

L'attrait pour les bijoux en or a en effet nettement décliné sur les trois premiers mois de l'année, baissant de 19% à 482 tonnes, contre 597 tonnes au premier trimestre 2015.

La majeure partie (99,3 tonnes) de ce déclin est le fait de seulement deux marchés: l'Inde et la Chine, a noté le CMO, expliquant ce recul de la demande pour la joaillerie par la hausse des prix de l'or sur la période, mais également par des grèves dans le secteur en Inde, consécutives à la mise en place de nouvelles taxes gouvernementales.

La demande de bijoux en or a ainsi chuté de 41% sur un an en Inde au premier trimestre 2016 pour ressortir à 88,4 tonnes, au plus bas en sept ans, tandis qu'elle a baissé de 17% en Chine, à 179,4 tonnes.

afp/al