Dans le cadre d'"Essentiels 2020", le numéro un des télécoms en France va débloquer une enveloppe d'environ 15 milliards d'euros pour améliorer ses réseaux fixes et mobiles avec l'ambition notamment de raccorder 20 millions de logements à la fibre en France d'ici 2022.

Il emboîte ainsi le pas de plusieurs grands concurrents européens comme Vodafone et Deutsche Telekom qui ont lancé d'importants programmes d'investissements pour faire face à l'explosion du trafic sur leurs réseaux.

"Nous voulons clairement faire la différence avec tous les autres par rapport à la connectivité", a expliqué le PDG de l'opérateur, Stéphane Richard.

Le très haut débit fixe constitue "clairement un outil de création de valeur pour la reconquête de parts de marché, la fidélisation de nos clients ainsi que l'amélioration de l'ARPU (revenu moyen par abonné)", a-t-il ajouté lors d'une présentation organisée au Grand Palais à Paris.

L'opérateur télécoms, dont le chiffre d'affaires n'a cessé de reculer depuis 2011, ne voit pas d'embellie pour tout de suite, un point bas en termes de chiffre d'affaires étant anticipé en 2016, a précisé le directeur financier, Ramon Fernandez.

A l'horizon 2018, le chiffre d'affaires devrait alors retrouver un niveau supérieur à celui de 2014 de même que l'Ebitda retraité qui devrait toucher un point bas, comme prévu, en 2015.

Dans son communiqué, Orange précise que son dividende devrait être maintenu à 60 centimes d'euro au minimum sur la période 2015-2018, sans exclure une possible hausse en fonction de l'évolution de sa performance.

A 10h15, le titre reculait de 0,98% à 15,215 euros alors que le CAC 40 se repliait de 0,07% dans le même temps, une partie du marché jugeant prudentes les perspectives du groupe à moyen terme.

"Pas de retour immédiat à la croissance de l'Ebitda (2018 au plus tard) et davantage d'investissements pour maintenir une qualité supérieure de service", résume Stéphane Beyazian de Raymond James. Il rappelle que l'opérateur va notamment devoir faire face d'ici 2018 à la fin de son contrat rémunérateur d'itinérance avec Iliad, à la concurrence de son nouveau rival Numericable-SFR et à une possible nouvelle offensive sur les prix du groupe de Xavier Niel.

OBJETS CONNECTÉS ET BANQUE SUR MOBILE

"Essentiels 2020" prend le relais du plan Conquête 2015, annoncé à l'été 2010 au lendemain d'une série de suicides de salariés qui avait ébranlé l'entreprise.

Si l'opérateur a atteint l'objectif prioritaire qu'il s'était à l'époque fixé de pacifier les relations sociales dans le groupe, plusieurs autres de ses ambitions se sont heurtées à la guerre des prix déclenchée en 2012 par l'arrivée de Free, la filiale d'Iliad, dans le mobile.

Orange, qui ambitionnait à l'époque de passer de 200 à 300 millions de clients dans le monde, a bloqué le compteur à 244 millions tandis que son dividende a été sabré, passant de 1,40 à 60 centimes d'euros proposé au titre de 2014.

L'opérateur a cependant retrouvé des couleurs ces derniers mois, dopé notamment par ses investissements dans la 4G mobile et dans la fibre optique mais aussi par la réduction de ses coûts, enregistrant la meilleure performance du CAC 40 en 2014.

L'opérateur entend poursuivre la maîtrise de ses coûts en dégageant trois milliards d'euros d'économies brutes sur la période 2015-2018.

Pour les cinq prochaines années à venir, l'opérateur veut également donner la priorité, outre l'amélioration des réseaux, à deux nouveaux marchés sur lesquels il estime avoir une carte à jouer : les objets connectés et les services financiers.

Orange, qui dit vouloir faire de "l'expérience client" la pierre angulaire de sa stratégie, se donne ainsi pour objectif de réaliser plus d'un milliard d'euros de revenus grâce à ces nouveaux relais de croissance.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Gwénaëlle Barzic et Leila Abboud