(Actualisation: précisions sur le schéma envisagé, les questions de concurrence, commentaire d'analyste, réaction du secteur en Bourse).

En apparence au point mort depuis plusieurs mois, le mouvement de consolidation du secteur des télécoms en France a officiellement été relancé mardi avec l'annonce de discussions préliminaires entre Orange (>> ORANGE SA) et Bouygues (>> BOUYGUES) en vue d'un rapprochement entre l'opérateur de télécommunications et Bouygues Telecom, filiale du conglomérat.

Les deux groupes ont indiqué avoir signé un accord de confidentialité, sans préciser encore les contours de leur éventuel rapprochement.

"Ces discussions ne sont pas contraintes par un calendrier particulier et ne s'engagent pas sur un schéma prédéfini", a déclaré Orange dans un communiqué. De son côté, Bouygues a dit vouloir "explorer toute éventuelle opportunité", et être "intéressé par tout schéma qui lui permettrait de conforter son ancrage durable dans les télécoms".

Un tel schéma pourrait signifier que la transaction pourrait être réalisée pour partie en actions, ce qui permettrait à Bouygues de prendre une participation au capital d'Orange. L'opérateur télécoms historique a pour premier actionnaire l'Etat français, à hauteur de 23%.

"À ce jour, aucune décision n'a été prise et rien ne garantit l'issue de ces discussions préliminaires", a néanmoins précisé Bouygues. De son côté, Orange a indiqué qu'il n'agirait que dans le seul intérêt de ses actionnaires, de ses salariés et de ses clients et qu'il serait particulièrement attentif à la création de valeur d'un tel projet.

Bouygues et Orange confirment ainsi des spéculations récurrentes dans la presse ces dernières semaines qui faisaient état de discussions sur un rapprochement. Toutefois, les discussions entre les deux groupes ne portent que sur Bouygues Telecom et ne concernent pas TF1 (>> TF1), autre filiale de Bouygues. Certaines informations de presse avaient fait part d'un intérêt d'Orange pour la chaîne de télévision.

Des premières discussions avaient déjà été menées en 2014

L'annonce des discussions entre Orange et Bouygues relancent les perspectives de consolidation du secteur des télécoms français, interrompues en juin après le refus de Bouygues de céder sa filiale de télécoms à Numericable-SFR (>> Numericable Group) pour 10 milliards d'euros (>> Numericable Group).

Début décembre, des sources proches du dossier avaient indiqué au Wall Street Journal que les opérateurs télécoms français cherchaient à reprendre les acquisitions. Orange étudiait ainsi différentes cibles d'acquisition en France et en Europe, afin de gagner en taille pour ne pas devenir lui-même une cible d'acquisition à l'avenir, selon ces sources.

De son côté, Bouygues Telecom a déjà été l'objet par le passé de la convoitise de ses rivaux, depuis que son PDG Martin Bouygues n'est pas parvenu à mettre la main sur le deuxième acteur du mobile dans l'Hexagone, SFR, repris par Numericable et sa maison-mère Altice (>> ALTICE).

Bouygues avait ainsi déjà mené des discussions avec Orange et Iliad (>> ILIAD) au sujet d'une possible cession au cours du premier semestre 2014, sans toutefois parvenir à un accord sur le prix. Puis, le groupe a rejeté cet été l'offre de rachat Numericable-SFR, arguant de l'amélioration des performances de sa filiale Bouygues Telecom.

Une part de marché évaluée à 50% pour l'ensemble Orange-Bouygues Telecom

Un rapprochement entre Orange et Bouygues Télécom ramènerait le nombre d'opérateurs de quatre à trois sur le marché de la téléphonie en France, ce qui permettrait de réduire la concurrence et la pression accrue sur les prix depuis le lancement de Free Mobile par Iliad en 2012. Toutefois, l'opération pourrait aussi soulever des craintes de la part des autorités de la concurrence en France et en Europe.

Selon les calculs de RBC, Orange et Bouygues Telecom détiendraient ensemble une part de marché de 50% dans la téléphonie mobile et fixe. "De toutes évidences, toute opération devrait inclure des concessions pour apaiser les craintes des autorités de la concurrence", soulignait mi-décembre l'analyste de RBC, San Dhillon, en évoquant le scénario d'un rapprochement entre Bouygues et Orange.

"Ces remèdes pourraient inclure la vente d'antennes, de fréquences et d'abonnés - probablement la base de clientèle mobile B&You de Bouygues", ajoutait l'analyste.

Début décembre, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, avait indiqué ne pas avoir de "position de principe" contre un retour à trois opérateurs télécoms en France.

En Bourse, l'annonce de discussions entre Orange et Bouygues profitait mardi à l'ensemble du secteur. Le titre Bouygues gagnait dans la matinée 3,2% à 38,35 euros, Orange avançait de 1,9% à 15,48 euros, Numericable-SFR (>> Numericable Group) grimpait de 5,9% à 35,09 euros et Iliad (>> ILIAD) progressait de 2,6% à 226,60 euros.

Ailleurs en Europe, les autres opérateurs télécoms bénéficiaient également des perspectives de consolidation. Le géant britannique Vodafone (>> Vodafone Group plc) s'adjugeait 1,7%, l'allemand Deutsche Telekom (>> Deutsche Telekom AG) progressait de 1%, l'opérateur espagnol Telefonica (>> Telefonica SA) montait de 1,5% et Telecom Italia (>> Telecom Italia SpA) s'octroyait 0,9%.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com

(avec la contribution de Nick Kostov et Sam Schechner) ed: VLV - ECH