Cette décision s'inscrit dans la continuité de la stratégie qui a déjà conduit Philips à sortir de l'électronique grand public et à se développer dans la santé, notamment sur les marchés émergents d'Asie.

La décision de scinder le groupe marque une rupture définitive avec ses origines, puisque l'entreprise créée en 1891 était à l'époque l'un des tout premiers fabricants d'ampoules à incandescence.

Le groupe, qui a inventé la cassette audio et le CD, est devenu dans les années 1960 l'un des premiers acteurs mondiaux du marché de l'électronique grand public mais il s'est régulièrement désengagé de ses activités les moins rentables, comme l'audio, la vidéo, le disque vinyle ou les téléviseurs.

En présentant le nouveau projet de scission mardi, le directeur général, Frans van Houten, a déclaré que le processus de scission de la branche éclairage n'était pas encore déterminé (il pourrait passer par une introduction en Bourse ou une distribution de titres aux actionnaires) mais il a assuré que l'opération sera créatrice de valeur.

"Je réalise l'importance de la décision que nous avons prise, mais le temps est venu pour Philips de passer à l'étape suivante", a-t-il dit.

"Les grandes entreprises ont besoin de se réinventer, nous pouvons le faire, nous pouvons rester pertinents, nous pouvons croître et nous pouvons continuer de réussir. Cela nécessite du courage mais c'est un chemin que nous avons préparé avec soin."

L'histoire de Philips est de fait émaillée de rachats et de scissions, avec notamment ASML, aujourd'hui premier équipementier mondial pour les semi-conducteurs et le label Polygram, qui a fusionné avec Universal.

La nouvelle scission passera par la création de deux groupes distincts, "HealthTech" et "Lighting", qui utiliseront l'un et l'autre deux la marque Philips. Les activités d'éclairage, valorisées sept milliards d'euros, seront ainsi rassemblées dans une structure juridique distincte.

LA FIN DE LA DÉCOTE DE CONGLOMÉRAT ?

Frans Van Houten s'est refusé à tout commentaire sur la possibilité que cette nouvelle entité devienne une cible. "Notre décision n'est pas motivée par la crainte de ce que les autres entreprises pourraient faire", a-t-il dit.

Le processus devrait prendre jusqu'à 18 mois et facilitera pour les deux groupes l'investissement et la recherche de financements, a-t-il dit aux journalistes.

Cette nouvelle organisation devrait permettre à Philips d'économiser 100 millions d'euros l'année prochaine et 200 millions en 2016. Philips entend passer une charge de restructuration de 50 millions d'euros entre 2014 et 2016.

L'action Philips avançait de 2,17% à 24,01 euros vers 11h10 GMT à la Bourse d'Amsterdam, l'une des meilleures performances du Stoxx 600. Le titre affichait jusqu'à présent des performances inférieures à celle du marché avec un recul de 9% depuis le 1er janvier.

La scission devrait permettre une meilleure valorisation, estime Hans Slob, analyste de Rabobank. "Cela éliminera la décote de conglomérat. J'ai toujours appliqué une décote de 5% à la valorisation de la somme des parties."

En juillet, Philips avait annoncé la fusion de ses activités de LED (diodes électroluminescentes) et d'éclairage automobile dans le but de mieux profiter de l'essor du marché des LEAD.

"La dynamique du marché de l'éclairage est en train de changer totalement", a dit mardi Frans Van Houten. "La valeur est en train de se déplacer vers les systèmes et les services", comme, par exemple, la gestion intégrée du réseau d'éclairage d'une ville ou d'une entreprise.

Mais pour l'instant, la guerre des prix des LED pèse sur la rentabilité des fabricants, ce qui réduit la capacité d'investissement de Philips, d'Osram et d'autres fabricants.

(Anthony Deutsch, Benoit Van Overstraeten et Mathilde Gardin pour le service français, édité par Marc Angrand)

par Anthony Deutsch et Thomas Escritt

Valeurs citées dans l'article : PHILIPS, Osram Licht AG