Très attendu sur l'évolution de ses ventes de cognac et de whisky en Chine, deuxième marché du groupe, Pernod Ricard a annoncé que les tendances restaient très négatives et ne donnaient pas de signe d'amélioration.

Son chiffre d'affaires a reculé de 2% au premier semestre en Chine, mais de 8% (après une baisse de 9% au premier trimestre) hors effets positifs calendaires du nouvel an chinois.

La tendance sous-jacente des ventes y reste en baisse de 4% à 5%, comme en 2014-2015, a précisé à Reuters son PDG Alexandre Ricard.

Il a par ailleurs indiqué lors d'une conférence avec les analystes que les ventes en Chine accuseraient une baisse comprise entre 5% et 10% pour l'exercice 2015-2016.

Pour le cognac Martell, les ventes aux grossistes restent stables en volume mais négatives en valeur, tandis que pour le whisky, la baisse atteint deux chiffres.

Alors que Pernod Ricard dit avoir été le premier à avoir entamé ses déstockages de cognac après les mesures anti-corruption décidées il y a trois ans par Pékin, ces chiffres contrastent avec les indications plus positives de ses concurrents.

LVMH, propriétaire de Hennessy, a estimé que les déstockages semblaient purgés, tandis que Rémy Cointreau a dit avoir stabilisé les ventes de Rémy Martin.

"Les chiffres sont en général en ligne avec les attentes, mais l'absence d'amélioration en Chine déçoit", estiment les analystes d'UBS.

En Bourse, le titre Pernod Ricard lâche 5,6% à 94 euros à 11h40, dans un marché en recul de 3,1%.

SIGNES D'AMÉLIORATION POUR ABSOLUT AUX USA

A l'inverse, le groupe signe une solide performance aux Etats-Unis, son premier marché, avec une croissance de 3% au premier semestre, tirée par des hausses à deux chiffres pour le whisky irlandais Jameson et pour Martell (sur une base cependant peu élevée) dans un marché où l'engouement pour les alcools bruns ne se dément pas.

Très surveillée, la vodka Absolut y limite sa baisse à 1%, confirmant la tendance à l'amélioration des ventes de la marque qui fait l'objet d'un repositionnement tarifaire, d'un recentrage de sa gamme et d'investissements publicitaires accrus.

Le groupe, qui a passé une dépréciation de 404 millions d'euros sur sa vodka suédoise l'an dernier, s'est donné trois à cinq ans pour stabiliser ses ventes aux Etats-Unis.

La dynamique s'est tassée en Europe de l'Ouest (+1%), tandis qu'elle est restée très négative en Russie (-5%), frappée par la récession.

"Notre performance est solide. Nous sommes parfaitement en ligne avec notre plan de marche", s'est félicité Alexandre Ricard. Le numéro deux mondial des spiritueux s'est fixé pour objectif de redresser graduellement sa croissance organique, tombée à zéro en 2013-2014.

Le chiffre d'affaires a totalisé 2,734 milliards d'euros sur le trimestre, signant une hausse de 6%, portée par des effets de change positifs. A taux de change constants, la cadence s'est accélérée avec une croissance organique de 4% (après +3% au trimestre précédent), portée par des expéditions de cognac plus précoces cette année pour le nouvel an chinois.

Le groupe boucle le premier semestre sur des ventes de 4,958 milliards d'euros, un chiffre proche du consensus ThomsonReuters I/B/E/S de 4,97 milliards d'euros.

Le résultat opérationnel courant, à 1,438 milliard d'euros, s'inscrit au-dessous des attentes (1,46 milliard) et progresse de 3% à taux de change constants (+2% ajusté du décalage du nouvel an chinois).

La prévision d'une croissance du résultat opérationnel courant de 1% à 3% à changes constants en 2015-2016 (après 2% au cours de l'exercice précédent) est confirmée.

(Avec Dominique Vidalon, édité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis