TOKYO, 17 février (Reuters) - L'implantation du groupe djihadiste Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie menace les investissements nécessaires pour éviter une pénurie de pétrole au cours de la décennie à venir, a déclaré mardi l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

L'AIE a déjà averti que la production de brut devrait augmenter au Moyen-Orient au cours de la décennie 2020 pour répondre à la hausse attendue de la demande mondiale.

Fatih Birol a jugé mardi qu'une certaine "myopie" continuait pourtant de prévaloir en termes d'investissements, alors que les compagnies pétrolières multiplient les programmes de réduction des coûts pour faire face à l'effondrement des cours du pétrole depuis juin.

A ses yeux, le développement du gaz de schiste aux Etats-Unis ne suffira pas à élever suffisamment le niveau de l'offre et cette tâche reviendra aux traditionnels pays producteurs de brut du Moyen-Orient, en particulier à l'Irak, censé contribuer pour moitié à cette hausse des approvisionnements.

Cela signifie que "nous avons désormais un problème", a dit Fatih Birol lors d'un colloque organisé par la fédération de l'industrie gazière du Japon.

"Les problèmes de sécurité créés par Daech (Etat islamique-NDLR) et d'autres constituent un défi majeur pour les nouveaux investissements au Moyen-Orient et si ces nouveaux investissements ne sont pas réalisés aujourd'hui, nous n'assisterons pas à cette hausse cruellement nécessaire de la production dans les années 2020", a déclaré l'économiste, qui succédera à Maria van der Hoeven à la tête de l'AIE à l'expiration du mandat de cette dernière fin août.

"La soif d'investissements au Moyen-Orient est proche de zéro, essentiellement en raison du caractère imprévisible de la région", a-t-il ajouté. (Aaron Sheldrick; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)