(Actualisé tout du long avec nouvelles déclarations)

par John Geddie et Marc Jones

LONDRES, 17 novembre (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) est prête à agir de façon plus agressive si la chute des cours du pétrole entraîne la zone euro vers la déflation ou si ses projets actuels ne suffisent pas à accroître son bilan de 1.000 milliards d'euros, a déclaré lundi Peter Praet.

L'économiste en chef de la BCE a ajouté que l'institution n'accorde habituellement guère d'importance aux variations des cours du pétrole mais que la perspective d'une inflation faible change la donne.

"Le taux d'inflation, plus l'effet indirect (de la baisse du prix du pétrole), pourraient avoir un impact sur les anticipations d'inflation et la confiance", a déclaré Peter Praet, membre du directoire de la BCE, lors d'une conférence organisée par Crédit Suisse.

"Si tel était le cas (que les craintes de déflation augmentent), l'incitation à agir serait bien sûr plus forte pour nous."

Le cours du baril de Brent a chuté de 30% depuis juin pour atteindre son plus bas niveau en quatre ans, ce qui exerce des pressions à la baisse sur les prix.

Afin de relancer l'inflation, actuellement à 0,4%, et l'activité dans la zone euro, la BCE pratique une politique monétaire accommodante par le biais de taux d'intérêt négatifs, de prêts aux banques et d'un programme d'achat d'actifs.

Le président de l'institution, Mario Draghi, a déclaré lundi que la BCE pourrait prochainement aller jusqu'à acheter des obligations d'Etat, une hypothèse qui suscite de vifs débats entre banquiers centraux européens.

Peter Praet a assuré lundi que tous les gouverneurs de la BCE étaient déterminés à éviter une déflation.

LE CRÉDIT BANCAIRE À UN "TOURNANT"

"Il y a une grande diversité (de points de vue au sein du conseil des gouverneurs de la BCE) mais il y a un attachement fort au mandat et cela signifie également que si nous allions vraiment dans une situation de déflation, il ne fait aucun doute que tous les outils seraient utilisés", a-t-il dit.

"La question est toujours celle du calendrier", a-t-il ajouté.

Peter Praet a aussi dit percevoir de légers signes d'amélioration indiquant que "la dynamique du crédit bancaire est désormais parvenue à un tournant" dans la zone euro.

Si les banques subissent toujours des pressions de la part de leurs actionnaires pour augmenter leur rentabilité, Peter Praet a jugé "improbable et en fait indésirable" que les comportements qui prévalaient avant la crise ressurgissent.

Il a souligné que la principale mission de la BCE était d'éviter un baisse de l'activité dans la zone euro et il a assuré que l'institution était déterminée à porter son bilan à ses niveaux de mars 2012, quand il était supérieur d'environ 1.000 milliards d'euros.

"Le marché dit: 'Nous n'allons pas avoir les volumes'. Nous disons que nous sommes certains de les avoir et si ce n'est pas suffisant, nous sommes prêts à prendre des mesures supplémentaires et à élargir immédiatement la base de nos rachats." (Bertrand Boucey pour le service français, édité par Juliette Rouillon)