par Brad Brooks

CURITIBA, Brésil, 15 mars (Reuters) - Plus de 350 nouvelles enquêtes pour corruption vont devoir être ouvertes au Brésil sur la base des multiples témoignages des cadres de la société de bâtiment Odebrecht, a déclaré à Reuters le doyen des procureurs qui enquêtent sur l'affaire Petrobras.

Selon ce procureur, Carlos Lima, les témoignages dans l'affaire Odebrecht révéleront une corruption endémique à tous les niveaux du pouvoir, des municipalités, jusqu'au niveau du gouvernement fédéral, les entreprises de bâtiment et de travaux publics (BTP) ayant versé des milliards en pots-de-vins en échange de contrats lucratifs.

Mardi, le procureur général du Brésil, Rodrigo Janot, a demandé à la Cour suprême d'ouvrir 83 nouvelles enquêtes sur la base de témoignages mettant en cause des responsables publics et a demandé le renvoi vers des juridictions inférieures de 211 affaires potentielles.

"Entre les affaires qui vont aller à la Cour suprême et celles qui vont atterrir ici chez nous à Curitiba, il va y avoir plus de 350 nouvelles enquêtes qui vont commencer", a déclaré mardi Carlos Lima à Reuters à son bureau de Curitiba dans le sud du Brésil.

"L'ampleur de la corruption au sein du système politique brésilien ne fera plus aucun doute, du haut en bas. Ce sera exposé à la vue du monde entier", ajoute-t-il.

Le gouvernement du président Michel Temer pourrait être renversé en fonction des faits qui seront révélés dans ces affaires, estiment les experts.

Odebrecht, avec un certain nombre de grands groupes de BTP, ont versé pendant des années l'équivalent de milliards d'euros de pots-de-vin à des hommes politiques et des dirigeants d'entreprises publiques, et notamment à Petrobras, d'où l'affaire tire son nom.

Au total, 77 cadres et dirigeants d'Odebrecht ont produit plus de 950 dépositions qui devraient être rendues publiques sous peu.

Le procureur général Rodrigo Janot a demandé à la Cour suprême d'enquêter sur des parlementaires et des ministres. Les noms des personnalités concernées devraient être diffusés sous peu. Rodrigo Janot a déjà obtenu l'autorisation d'enquêter sur 54 hommes politiques en 2015. Il n'est pas exclu que certains d'entre eux figurent sur la nouvelle liste.

"Une fois que l'on saura qui est concerné, l'humeur de ceux qui ne font pas l'objet d'une enquête va s'améliorer", estime Carlos Lima. "Et je pense qu'ils verront qu'il est inutile de faire passer des amnisties ou d'autres mesures pour permettre à ceux qui sont corrompus d'échapper à la justice." (Danielle Rouquié pour le service français)