S'il n'est plus synonyme de quatre roues motrices ou d'imposant pare-buffle, des attributs mal considérés dans le paysage urbain, ce type de véhicule a laissé une trace si durable dans l'imaginaire des automobilistes qu'une majorité d'entre eux recherchent aujourd'hui des voitures moins basses, au style plus sportif et à l'allure tout-terrain.

L'engouement est tel que les 'crossovers', mariage entre une berline et un 4x4, fleurissent dans tous les segments du marché et chez la plupart des marques. Depuis le début de l'année, ils ont représenté 20% des immatriculations de voitures neuves en Europe, et pesé jusqu'à 22% en France.

"Le style '4x4' s'impose. On va le voir partout", souligne François Roudier, porte-parole du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). "Il y a chez les acheteurs actuels un côté image très fort, avec un style plus baroudeur. Les gens aiment aussi être plus haut dans leur position de conduite, pour avoir un plus grand sentiment de sécurité."

A côté des icônes 4x4 et crossovers que sont les Porsche Cayenne, BMW X6 et Volvo XC90, dont des restylages seront présentés porte de Versailles, aucune catégorie n'échappe vraiment à cette mode : depuis les citadines, avec le concept "Urban Ride" qui sera dévoilé sur la petite Citroën C1, ou encore la Fiat 500X, aux compactes, avec le concept de crossover musclé Peugeot "Exalt" ou le nouveau NX de Lexus, la marque haut de gamme de Toyota.

Dans le gabarit supérieur, les visiteurs pourront également voir le Murano de Nissan ou, sur le stand DS, distinct pour la première fois de celui de Citroën, la DS6 WR réservée pour l'heure à la Chine.

Même le low cost n'échappe pas à la règle, puisque Dacia élargira la livrée baroudeuse "stepway" à deux nouveaux modèles familiaux de sa gamme. Car les monospaces, segment stagnant depuis plusieurs années, sont gagnés eux aussi par cette révolution stylistique.

RALENTISSEMENT EN VUE EN EUROPE

Renault présentera ainsi son nouvel Espace dessiné par Laurens van den Acker, et dont la production doit commencer courant 2015 dans l'usine de Douai (Nord). Quarante ans après la première génération, la voiture n'a plus la même silhouette volumineuse, et est devenue elle aussi un crossover élancé.

"C'est une évolution mondiale, qui touche même des produits plus familiaux", observe Philippe Barrier, analyste automobile à la Société générale. "Le monospace en tant que tel a vécu, on recherche aujourd'hui un style plus sportif, et même si les designers doivent faire des compromis, la tendance est là pour durer."

Au risque qu'à terme, toutes les voitures se ressemblent. C'est pour cette raison que les ateliers de style insistent beaucoup sur les calandres de leurs modèles, qui deviennent de plus en plus imposantes, tout comme le logo des marques à l'avant des voitures.

Les nouveautés du Mondial tenteront de répondre à une demande de renouvellement qui reste mince en Europe, et surtout en France. Alors que le marché européen a compensé cette année une partie des incertitudes apparues sur certains marchés émergents, comme la Russie, l'Amérique latine ou la Turquie, l'Observatoire Cetelem de l'automobile attend un ralentissement en 2015, avec une croissance de 3,1% contre +6,4% escompté en 2014.

Le marché français est attendu en hausse de 3% au mieux cette année, et en progression de 3,1% l'an prochain.

"Le contexte européen reste relativement bon, mais par contre le contexte français est mauvais", résume François Roudier. "C'est ça le grand écart pour nous au Mondial cette année."

Après deux journées réservées à la presse jeudi et vendredi, le salon ouvrira ses portes au public samedi, jusqu'au 19 octobre.

Malgré le climat économique morose en France et l'émergence de rendez-vous concurrents comme Pékin ou Shanghai, le Mondial demeure le premier salon automobile du monde par le nombre de visiteurs, et espère attirer cette année au moins autant que les 1,23 million de personnes de l'édition précédente, en 2012.

(Avec Laurence Frost, édité par Dominique Rodriguez)

par Gilles Guillaume

Valeurs citées dans l'article : PEUGEOT, RENAULT
Valeurs citées dans l'article : PEUGEOT, RENAULT, Bayerische Motoren Werke AG